La Guinée a lancé son recensement général de la population dans un climat d’incertitude et de scepticisme. Ce processus, censé être un pilier pour la planification du développement et la préparation des futures échéances électorales, peine à mobiliser la population et suscite de nombreuses interrogations sur sa transparence et son efficacité.
Un recensement sous tension
Le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) en Guinée intervient dans un contexte politique tendu. Les autorités de transition, installées après le coup d’État de 2021, font face à une défiance persistante d’une partie de la classe politique et de la société civile. Beaucoup craignent que les données issues du recensement soient instrumentalisées à des fins politiques, notamment pour redessiner la carte électorale ou retarder l’organisation des élections promises.
Faible mobilisation et obstacles logistiques
Malgré les campagnes d’information, la mobilisation reste faible dans de nombreuses régions. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- Méfiance envers les autorités : Une partie de la population doute de la finalité du recensement, craignant une manipulation des chiffres.
- Difficultés logistiques : Des zones rurales enclavées, un manque de matériel, et des retards dans le paiement des agents recenseurs freinent le bon déroulement de l’opération.
- Insécurité et tensions locales : Dans certaines préfectures, des incidents ont été signalés entre agents recenseurs et habitants, parfois sur fond de tensions communautaires.

Enjeux électoraux majeurs
Le RGPH est déterminant pour la révision des listes électorales et la répartition des sièges au Parlement. L’opposition et la société civile réclament la transparence du processus et la publication rapide des résultats. Ils redoutent que des irrégularités viennent fausser la représentativité des futures institutions, compromettant ainsi la crédibilité des élections à venir.
Les défis de la gouvernance
La réussite du recensement est également un test pour la gouvernance de la transition. La capacité des autorités à mener à bien cette opération dans le respect des standards internationaux sera scrutée par les partenaires internationaux, dont l’Union africaine, la CEDEAO et les bailleurs de fonds. Un échec ou des soupçons de manipulation pourraient entraîner des sanctions et un isolement diplomatique.
Perspectives et solutions
Pour restaurer la confiance, il est essentiel que les autorités guinéennes garantissent la transparence du processus, associent toutes les parties prenantes et assurent la sécurité des agents sur le terrain. Un accompagnement technique international et une communication claire sur les étapes du recensement sont également indispensables pour éviter toute contestation future.
Conclusion
Le recensement général en Guinée, bien qu’indispensable, se heurte à de nombreux défis politiques, logistiques et sociaux. Sa réussite conditionnera la tenue d’élections crédibles et la stabilité du pays dans les années à venir.