Au Kenya, le bitcoin et les autres cryptomonnaies suscitent un engouement croissant, porté par la volonté d’offrir des solutions financières innovantes à des millions de personnes exclues du système bancaire traditionnel. Dans un pays où près de la moitié de la population adulte n’a pas accès à un compte bancaire, les cryptomonnaies apparaissent comme une alternative prometteuse pour faciliter les transactions, l’épargne et l’accès au crédit. Cette dynamique s’inscrit dans une tendance plus large observée en Afrique, où l’adoption des technologies financières numériques (fintech) connaît une croissance exponentielle.
Le Kenya, pionnier de la monnaie mobile avec le système M-Pesa, est aujourd’hui à l’avant-garde de l’innovation financière. Les plateformes d’échange de bitcoins se multiplient dans les grandes villes, permettant aux utilisateurs d’acheter, de vendre et de stocker des cryptomonnaies en quelques clics. Les jeunes, en particulier, sont séduits par la simplicité d’utilisation et la rapidité des transactions, ainsi que par la perspective de gains rapides sur les marchés volatils des cryptos.
L’adoption du bitcoin au Kenya répond à des besoins concrets. Pour les travailleurs de la diaspora qui envoient de l’argent à leur famille, les cryptomonnaies offrent des frais de transfert nettement inférieurs à ceux des services traditionnels. Pour les petits commerçants et les entrepreneurs, elles constituent une solution de paiement sécurisée et accessible, même dans les zones rurales mal desservies par les banques. Les agriculteurs, les artisans et les femmes entrepreneures trouvent dans le bitcoin un outil pour accéder à des marchés plus larges et sécuriser leurs revenus.
Le gouvernement kenyan, conscient du potentiel de ces technologies, adopte une position pragmatique. Plutôt que d’interdire ou de restreindre l’usage des cryptomonnaies, il préfère encadrer le secteur pour protéger les consommateurs tout en favorisant l’innovation. La Banque centrale du Kenya a lancé plusieurs initiatives pour sensibiliser la population aux risques associés aux cryptomonnaies, tout en encourageant le développement de solutions réglementaires adaptées aux réalités locales.
Les défis à relever sont cependant nombreux. La volatilité des cours du bitcoin expose les utilisateurs à des risques de pertes importantes, notamment pour les plus vulnérables. Les arnaques et les escroqueries liées aux cryptomonnaies se multiplient, profitant du manque de connaissance des utilisateurs. Les autorités kenyanes doivent redoubler d’efforts pour renforcer la sécurité des transactions et lutter contre le blanchiment d’argent.
Malgré ces obstacles, l’adoption du bitcoin au Kenya ouvre de nouvelles perspectives pour l’inclusion financière. Les cryptomonnaies permettent à des millions de personnes d’accéder à des services financiers de base, sans avoir besoin de compte bancaire ou de pièce d’identité. Elles favorisent également l’émergence d’une économie numérique dynamique, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée.
L’expérience kenyane pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés à des défis similaires. En combinant innovation technologique, régulation adaptée et éducation financière, le Kenya montre la voie d’une inclusion financière durable et inclusive. Le bitcoin, loin d’être une simple mode, pourrait bien devenir un levier de développement pour toute une génération d’Africains.
