Le 17 juin 2025 restera une date historique pour la République démocratique du Congo et l’ensemble de la région des Grands Lacs. À Rome, le Vatican a proclamé la béatification de Floribet, figure spirituelle originaire de Goma, dont la vie et l’engagement pour la paix résonnent aujourd’hui comme un appel à l’espérance pour une Afrique centrale meurtrie par des décennies de conflits.
Une cérémonie d’une portée exceptionnelle
La cérémonie, présidée par le pape François dans la basilique Saint-Pierre, a rassemblé des milliers de fidèles venus du monde entier, parmi lesquels une importante délégation congolaise. La béatification de Floribet, reconnue pour ses actions en faveur du dialogue interethnique et de la réconciliation, intervient dans un contexte où la RDC, et plus largement la région des Grands Lacs, cherche à tourner la page des violences et à bâtir un avenir fondé sur la justice et la fraternité.
Pour de nombreux Congolais, la reconnaissance par l’Église catholique du parcours de Floribet est un motif de fierté nationale. « C’est un signal fort envoyé à la jeunesse africaine : la paix, la foi et l’engagement au service de l’autre sont porteurs d’avenir », confie le père Jean-Baptiste, responsable d’une paroisse à Bukavu.
Floribet, une vie au service de la paix
Né à Goma dans les années 1980, Floribet a très tôt été confronté à la réalité des conflits armés, des déplacements de populations et de la pauvreté. Refusant la fatalité, il s’est engagé au sein de l’Église et des associations locales pour promouvoir le dialogue, la médiation et l’aide aux victimes. Son charisme, sa capacité à rassembler au-delà des clivages ethniques et religieux, ont fait de lui une figure respectée bien au-delà des frontières de la RDC.
Son assassinat en 2015, dans des circonstances jamais totalement élucidées, avait suscité une vive émotion dans tout le pays. Pour beaucoup, il incarne aujourd’hui le sacrifice ultime pour la paix et la justice.
Un symbole pour la jeunesse et l’unité africaine
La béatification de Floribet intervient alors que la région des Grands Lacs reste marquée par des tensions récurrentes, notamment à l’est de la RDC, où les affrontements entre groupes armés continuent de faire des victimes. Mais elle est aussi porteuse d’un message d’unité et d’espérance, en particulier pour la jeunesse africaine, souvent tentée par l’exil ou la radicalisation.

« Floribet nous montre que l’engagement pour la paix n’est pas vain. Il nous invite à dépasser nos peurs et nos divisions pour construire ensemble un avenir meilleur », souligne la sœur Marie-Claire, militante pour le dialogue interreligieux à Kigali.
L’Église catholique, actrice de la réconciliation
Par cette béatification, le Vatican réaffirme le rôle central de l’Église catholique dans la promotion de la paix, du dialogue et du développement en Afrique. Depuis plusieurs années, les autorités ecclésiastiques multiplient les initiatives en faveur de la réconciliation, de la lutte contre la corruption et du soutien aux plus vulnérables.
Le pape François, dans son homélie, a salué « le courage et la foi de Floribet, qui a su faire de sa vie un pont entre les peuples et un ferment d’espérance pour l’Afrique ». Il a également appelé les dirigeants politiques et religieux à s’inspirer de son exemple pour œuvrer à la pacification de la région.
Analyse : une béatification politique ?
Si la dimension spirituelle de l’événement est indéniable, certains observateurs y voient aussi un geste politique. En mettant en avant une figure africaine, le Vatican entend renforcer son influence sur un continent où la concurrence des Églises évangéliques et des mouvements religieux radicaux est de plus en plus vive. Mais au-delà des enjeux institutionnels, la béatification de Floribet apparaît surtout comme une invitation à la mobilisation collective pour la paix et la dignité humaine.
Conclusion
La béatification de Floribet, saluée dans toute l’Afrique centrale, redonne espoir à des millions de personnes confrontées à la violence et à l’injustice. Elle rappelle que, même dans les contextes les plus difficiles, l’engagement individuel et la foi peuvent changer le cours de l’histoire. Un message universel, plus que jamais d’actualité pour la RDC et l’ensemble du continent africain.