Introduction
La bande de Gaza, territoire palestinien sous blocus depuis plus de 17 ans, traverse une crise humanitaire sans précédent. Depuis la reprise des hostilités entre le Hamas et Israël en 2023, la situation alimentaire s’est dramatiquement aggravée. En juin 2025, les agences des Nations Unies tirent la sonnette d’alarme : la majorité de la population gazaouie est menacée de famine. Comment expliquer cette détérioration rapide ? Quelles sont les responsabilités des acteurs locaux et internationaux ? Et quelles perspectives pour la sécurité alimentaire à Gaza ? Cet article propose une analyse complète de cette urgence humanitaire aux conséquences régionales et mondiales.
Les causes structurelles de l’insécurité alimentaire à Gaza
L’insécurité alimentaire à Gaza est le résultat d’un enchevêtrement de facteurs politiques, économiques et environnementaux. Le blocus imposé par Israël et l’Égypte depuis 2007 limite drastiquement l’entrée des biens essentiels, y compris la nourriture, le carburant et les médicaments. Les cycles de conflits armés ont détruit les infrastructures agricoles, les terres cultivables et les systèmes d’irrigation. Selon la FAO, plus de 70 % des terres arables de Gaza sont aujourd’hui inaccessibles ou inutilisables.
La dépendance à l’aide humanitaire est massive : plus de 80 % de la population dépend de l’aide alimentaire fournie par l’UNRWA et le Programme alimentaire mondial (PAM). Or, la baisse des financements internationaux, conjuguée à l’intensification des opérations militaires, rend cette aide de plus en plus difficile à acheminer. Les points de passage sont régulièrement fermés, et les convois humanitaires sont fréquemment bloqués ou retardés.
L’impact du conflit sur la sécurité alimentaire
Depuis l’escalade militaire de 2023, la situation s’est encore détériorée. Les bombardements israéliens ont visé des entrepôts alimentaires, des marchés et des infrastructures de stockage. Les pêcheurs gazaouis, traditionnellement fournisseurs de protéines pour la population, sont empêchés d’accéder à la mer en raison des restrictions imposées par la marine israélienne. Les agriculteurs, quant à eux, peinent à cultiver leurs terres, souvent situées dans des zones considérées comme « tampons » par l’armée israélienne.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est également critiqué pour sa gestion de la crise. Accusé de détourner une partie de l’aide humanitaire à des fins militaires ou politiques, il est tenu pour responsable par une partie de la population et par la communauté internationale de l’aggravation de la crise.
Les conséquences humanitaires et sociales
L’insécurité alimentaire à Gaza se traduit par une augmentation alarmante de la malnutrition, notamment chez les enfants. Selon l’UNICEF, plus de 30 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. Les cas d’anémie, de retard de croissance et de maladies liées à la sous-alimentation explosent. Les écoles, déjà fragilisées par les destructions, peinent à offrir des repas scolaires réguliers.
Sur le plan social, la faim alimente le désespoir, la violence et la radicalisation. Les familles, privées de ressources, sont contraintes de vendre leurs biens, de réduire le nombre de repas ou de recourir à des stratégies de survie dangereuses, comme le travail des enfants ou le mariage précoce.

Les réponses de la communauté internationale
Face à l’ampleur de la crise, la communauté internationale tente de mobiliser des ressources, mais se heurte à des obstacles politiques et logistiques majeurs. Les appels à la trêve humanitaire se multiplient, mais restent sans effet durable. L’ONU, l’Union européenne et plusieurs ONG plaident pour l’ouverture de corridors humanitaires sécurisés et pour la levée partielle du blocus afin de permettre l’acheminement de l’aide.
Israël, de son côté, justifie les restrictions par la nécessité de prévenir l’entrée d’armes et de matériaux à double usage pouvant renforcer le Hamas. L’équilibre entre sécurité et besoins humanitaires reste difficile à trouver, et la politisation de l’aide complique la coordination des acteurs sur le terrain.
Quelles perspectives pour la sécurité alimentaire à Gaza ?
À court terme, la situation reste extrêmement préoccupante. Sans une augmentation significative de l’aide internationale et une amélioration de l’accès humanitaire, la famine menace directement des centaines de milliers de personnes. À moyen et long terme, seule une solution politique durable – incluant la levée du blocus, la reconstruction des infrastructures agricoles et la relance de l’économie locale – permettra de sortir Gaza de l’impasse.
La résilience de la population gazaouie, son savoir-faire agricole et sa capacité d’innovation sont des atouts, mais ils ne suffiront pas sans un engagement international fort et une volonté politique de toutes les parties.
Conclusion
La crise alimentaire à Gaza est le symptôme d’un conflit non résolu et d’un système international impuissant à protéger les populations civiles. Elle interpelle la conscience mondiale et appelle à une mobilisation urgente pour éviter une catastrophe humanitaire majeure. L’avenir de Gaza dépendra de la capacité des acteurs locaux et internationaux à dépasser la logique de l’affrontement et à privilégier la vie, la dignité et la sécurité de tous.