Le Zimbabwe traverse en 2025 une crise sanitaire d’une ampleur inédite, marquée par l’exode massif de ses infirmières et professionnels de santé. Face à la pénurie de personnel, le gouvernement a pris la décision radicale d’interdire l’émigration des infirmières, suscitant un débat intense sur les droits, la souveraineté et l’avenir du système de santé. Cette situation met en lumière les défis structurels de la santé en Afrique australe : fuite des cerveaux, sous-financement, conditions de travail dégradées et vulnérabilité face aux crises mondiales.
Un exode sans précédent
Depuis le début des années 2020, le Zimbabwe a vu partir plus de 4 000 infirmières et médecins vers le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et d’autres pays en quête de main-d’œuvre qualifiée. Les salaires très bas (souvent moins de 100 $ par mois), le manque d’équipements, l’insécurité professionnelle et la dégradation des hôpitaux ont poussé de nombreux soignants à chercher de meilleures conditions de vie à l’étranger.
Cette fuite des compétences aggrave la crise sanitaire : les hôpitaux ferment des services entiers, les délais d’attente explosent, et la qualité des soins chute dramatiquement. Les populations rurales et les plus vulnérables sont les premières touchées.
La riposte gouvernementale : une interdiction controversée
En mai 2025, le gouvernement zimbabwéen a annoncé l’interdiction de l’émigration des infirmières, sous peine de sanctions administratives et pénales. Cette mesure, justifiée par la nécessité de « protéger la santé publique », a été dénoncée par les syndicats, les ONG et la communauté internationale comme une atteinte aux droits fondamentaux et à la liberté de circulation.
Les experts soulignent que cette politique risque d’aggraver la crise : démotivation, absentéisme, corruption et départ clandestin du personnel soignant. Certains évoquent le risque d’une « génération perdue » pour le secteur de la santé au Zimbabwe.
Les causes profondes de la crise
La situation du Zimbabwe illustre les défis structurels de nombreux pays africains :
Solutions et pistes d’action
Face à cette crise, plusieurs pistes sont envisagées :
- Amélioration des salaires et des conditions de travail pour retenir le personnel
- Investissements massifs dans la formation, l’équipement et la modernisation des hôpitaux
- Partenariats internationaux pour la formation continue et l’échange de compétences
- Dialogue social avec les syndicats et les professionnels de santé
- Politiques de retour des talents (brain gain) et incitations à la diaspora
Le rôle des partenaires internationaux
La crise au Zimbabwe interpelle la communauté internationale : comment concilier le droit à la mobilité des soignants et la nécessité de garantir l’accès aux soins dans les pays d’origine ? L’OMS, l’Union africaine et les bailleurs de fonds sont appelés à soutenir des solutions équilibrées, fondées sur la solidarité, la formation et le co-développement.
Conclusion
Le Zimbabwe est à la croisée des chemins : sans réforme structurelle et sans valorisation de ses soignants, le système de santé risque l’effondrement. La fuite des compétences est un défi continental, qui appelle des réponses innovantes, solidaires et respectueuses des droits humains.
