Au cœur de Gaza, la guerre a détruit plus que des édifices : elle a amputé l’avenir de près de 70 000 jeunes étudiants, pour qui le rêve d’une vie meilleure semble aujourd’hui s’éloigner à jamais. Les combats incessants entre Israël et les groupes armés palestiniens, la fermeture quasi permanente des frontières et le bombardement systématique des infrastructures éducatives plongent la jeunesse de la région dans une détresse inédite. Ce drame éducatif, aux conséquences humaines et sociales incalculables, interpelle l’Afrique et le monde sur la nécessité urgente d’une trêve et d’une refondation des priorités dans les zones de conflit.
L’école, première cible
La bande de Gaza, déjà fragilisée par des années de blocus, connaît aujourd’hui un effondrement total de son système éducatif : selon les Nations Unies, près de 80 % des établissements secondaires ont été touchés par les bombardements depuis janvier 2025. Les universités Al-Azhar et Al-Quds, autrefois vitrines de l’excellence académique palestinienne, fonctionnent désormais à capacité très réduite, certaines ayant tout simplement cessé d’exister. Les familles, dont nombre se sont réfugiées dans des camps de fortune, confient leurs enfants à des enseignants improvisés ou à des classes clandestines, souvent dans des espaces insalubres et sous la menace constante des raids aériens.
Un impact psychologique et social dévastateur
Pour Sarah, qui rêvait d’étudier la médecine, le constat est amer : “Mon université n’existe plus et mes cahiers ont brûlé avec notre maison. Il ne me reste que l’espoir — mais pour combien de temps ?” À l’instar de milliers de jeunes Palestiniens, elle incarne une génération au “gel” — sans diplômes, sans visibilité sur l’avenir, sans accès aux mobilités internationales. Ce décrochage pédagogique s’accompagne d’une angoisse inédite, avec hausse des cas de dépression, de syndromes post-traumatiques et d’abandons scolaires précoces.
Les familles paient un lourd tribut : déplacements multiples, perte des moyens de subsistance, insécurité quotidienne, isolement social. Beaucoup témoignent d’une perte irréversible de confiance dans l’avenir et d’un sentiment d’abandon par la communauté internationale.

Initiatives de survie et d’espoir
Malgré l’adversité, la créativité des enseignants et d’associations locales autorise quelques percées d’espoir. Les écoles improvisées dans les abris collectifs, les cours donnés sur WhatsApp ou radio, ou encore la constitution d’archives numériques clandestines témoignent d’une résilience remarquable. Plusieurs ONG soutenues par l’UNICEF et l’Union africaine organisent l’envoi de manuels, de tablettes solaires et de matériel éducatif, mais ces efforts restent marginalisés par l’ampleur de la crise humanitaire.
Des étudiants tentent la fuite vers l’Égypte, la Jordanie ou l’Europe, au péril de leur vie. Pour ceux qui restent, l’université se réinvente : apprentissage à distance, tutorat par la diaspora, projets de micro-entreprises pour financer la famille et poursuivre les études en parallèle.
Un défi mondial, un appel africain
La catastrophe éducative de Gaza est un miroir pour d’autres régions en crise sur le continent africain (Soudan, RDC, Nigéria, Burkina Faso). Elle pose une question universelle : que faire pour protéger l’éducation en temps de guerre ? L’Union africaine appelle à l’intégration d’un “droit à l’éducation en état d’urgence” dans tous les protocoles humanitaires et à l’envoi de médiations spécifiques auprès des parties belligérantes.
Il s’agit, pour la communauté internationale, de faire de l’accès à l’école non plus une variable d’ajustement mais une priorité absolue, au même titre que les besoins alimentaires et sanitaires.