Le Canada profond a frôlé la tragédie ce week-end dans l’Alberta. Un couple canadien, parti en randonnée pour fêter son anniversaire de mariage, a échappé de peu à une attaque dévastatrice de grizzly dans la mythique région de Kananaskis Country, au cœur des Rocheuses. Leur récit, qui fait déjà le tour des réseaux sociaux, nourrit le débat sur la cohabitation fragile entre l’homme et la nature sauvage et la gestion des risques dans les parcs nationaux.
Une promenade qui vire au cauchemar
Jessie et Mark Thompson, quadragénaires amoureux de grands espaces, racontent avoir croisé un ours noir dès le début de leur marche — rien d’inhabituel dans cette réserve. Mais quelques kilomètres plus loin, c’est un grizzly de près de 250 kg qui leur barre la route. “On a entendu un grognement, puis vu l’ours charger à travers les broussailles”, explique Jessie avec émotion. Mark, formé aux gestes d’urgence, tient bon : il dégaine son spray au poivre, sauve sa compagne, se fait projeté contre un rocher avant que l’animal ne prenne la fuite.
Un contexte écologique sous tension
Les incidents impliquant des ours en Amérique du Nord augmentent d’année en année, conséquence visible du réchauffement climatique et de la pression humaine sur des territoires jadis isolés. L’expansion rapide des zones habitées, la raréfaction de certaines ressources naturelles, et le boom du tourisme local post-Covid poussent ours noirs et grizzlys à s’aventurer plus près des sentiers fréquentés.
Les autorités rappellent que “la majorité des attaques peuvent être évitées : respect des règles, port du spray anti-ours, vigilance accrue”. Mais à mesure que les frontières entre milieux sauvages et habités se brouillent, la question de la protection des espèces menacées se pose avec acuité.

Comment cohabiter avec le sauvage ?
Au Canada, la préservation des grands prédateurs est une fierté nationale, mais elle doit composer avec le tourisme d’aventure, vital pour l’économie des régions rurales. Les parcs multiplient les campagnes de prévention : sentiers balisés, signalétique intelligente, stations de premiers secours plus nombreuses. Des applications mobiles recensent les dernières observations d’ours en temps réel.
Pour Jessie et Mark, la mésaventure n’a pas altéré l’amour du grand air : “Nous sommes vivants, grâce à l’équipement et à nos réflexes… Nous reviendrons, car la montagne doit rester libre et sauvage, mais mieux préparés.”
Une leçon pour les parcs africains ?
La mésaventure des Thompson pose la question universelle du tourisme-nature. En Afrique, avec la multiplication des safaris, des lodges éco-responsables et des randonnées en zones sensibles (Virunga, Serengeti, Kruger), la sécurité des visiteurs et le respect du vivant restent des enjeux majeurs. La gestion durable du rapport homme-faune, la formation et l’information des guides locaux s’avèrent essentielles à la fois pour le développement économique et la sauvegarde de la biodiversité.
Dans un monde où la nature sauvage régresse, chaque incident rappelle la nécessité de repenser le contrat passé entre l’homme et ce qui reste du sauvage.