Une justice instrumentalisée
Depuis l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed, la Tunisie vit une dérive autoritaire marquée par l’instrumentalisation de la justice. Arrestations arbitraires, procès expéditifs, détentions prolongées sans jugement : la « folie judiciaire » dénoncée par les ONG est devenue le symbole d’une répression croissante contre l’opposition, les journalistes et la société civile.
Le climat de peur s’installe
En 2024 et 2025, les arrestations de figures politiques, de syndicalistes et d’avocats se sont multipliées. Des personnalités de premier plan, comme l’ancien chef du gouvernement Hichem Mechichi ou le leader du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, ont été placées en détention ou assignées à résidence. Les accusations, souvent floues ou sans preuves solides, visent à intimider et à dissuader toute contestation.
Les médias indépendants subissent des pressions, des journalistes sont poursuivis pour « diffusion de fausses informations » ou « atteinte à la sûreté de l’État ». Les réseaux sociaux, dernier espace de liberté, sont surveillés et filtrés.
Les droits fondamentaux menacés
La situation des droits humains en Tunisie inquiète Amnesty International, Human Rights Watch et de nombreuses organisations locales. Les libertés d’expression, d’association et de manifestation sont gravement restreintes. Les procès politiques se multiplient, souvent sans respect des garanties procédurales.

La justice, censée être un rempart contre l’arbitraire, devient un instrument de répression. Les juges indépendants sont écartés ou sanctionnés, et la séparation des pouvoirs est de plus en plus remise en cause.
Une société civile sous pression, mais résiliente
Face à la répression, la société civile tunisienne ne baisse pas les bras. Associations, syndicats et collectifs citoyens organisent des manifestations, des campagnes de sensibilisation et des actions en justice pour défendre les droits fondamentaux. Malgré les risques, la mobilisation reste forte, notamment chez les jeunes et dans les milieux universitaires.
La diaspora tunisienne, active en Europe et en Amérique du Nord, relaie les alertes et interpelle la communauté internationale. Des pétitions circulent, des tribunes sont publiées, et des réseaux de solidarité se mettent en place pour soutenir les prisonniers politiques.
Réactions internationales et enjeux pour la démocratie
L’Union européenne, principal partenaire économique et politique de la Tunisie, a exprimé sa préoccupation et conditionne désormais une partie de son aide au respect des droits humains. Les États-Unis et les Nations unies appellent au respect de l’État de droit et à la libération des détenus politiques.
Pour la Tunisie, pionnière du « printemps arabe », l’enjeu est crucial : préserver les acquis démocratiques et éviter un retour à l’autoritarisme. La société civile et la communauté internationale doivent agir de concert pour défendre la liberté et la justice.

Quelles perspectives pour la Tunisie ?
L’avenir politique du pays reste incertain. Si la répression se poursuit, le risque d’un isolement international et d’une crise économique majeure est réel. Mais la vitalité de la société civile et la pression internationale laissent entrevoir la possibilité d’un sursaut démocratique.
La Tunisie, carrefour du Maghreb, reste un exemple pour la région. Sa capacité à surmonter cette crise sera déterminante pour l’avenir des libertés en Afrique du Nord.