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Tunisie : crise politique et reprise des départs de migrants vers l’Europe

par Africanova
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La Tunisie traverse une période de turbulences politiques et économiques qui se répercute directement sur les flux migratoires vers l’Europe. Depuis le début de l’année 2025, les départs de migrants, tunisiens et subsahariens, ont connu une recrudescence, notamment vers l’Italie, relançant le débat sur la gestion des frontières, la coopération euro-africaine et les causes profondes de l’exil.

Une crise politique qui s’enlise

Depuis le coup de force du président Kaïs Saïed en 2021, la Tunisie connaît une instabilité institutionnelle persistante. La dissolution du Parlement, la concentration des pouvoirs exécutifs et les tensions avec l’opposition ont fragilisé la démocratie tunisienne, autrefois citée en exemple après le Printemps arabe. Les tentatives de dialogue national peinent à aboutir, et la société civile s’inquiète d’un retour à l’autoritarisme.

Cette crise politique s’accompagne d’une dégradation de la situation économique : inflation galopante, chômage élevé, dévaluation du dinar et raréfaction des investissements étrangers. Les jeunes, en particulier, voient leurs perspectives d’avenir se réduire, alimentant la tentation du départ.

Reprise des départs vers l’Europe

Selon les autorités italiennes, plus de 20 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, en provenance de Tunisie. Parmi eux, de nombreux Tunisiens, mais aussi des Subsahariens qui transitent par le pays, souvent victimes de discrimination et de violences.

Les départs s’effectuent dans des conditions de plus en plus dangereuses, à bord d’embarcations de fortune. Les naufrages se multiplient, avec des dizaines de morts chaque mois. Les garde-côtes tunisiens, débordés, peinent à contenir le flux, tandis que les réseaux de passeurs prospèrent sur la misère et le désespoir.

Les causes profondes de l’exil

Pour beaucoup de jeunes Tunisiens, l’émigration est perçue comme la seule issue face à l’absence de perspectives. « Je préfère risquer ma vie en mer que de rester sans avenir ici », confie Ahmed, 23 ans, originaire de Sfax. Le manque d’emplois, la corruption, l’absence de réformes et le sentiment d’abandon nourrissent un malaise profond.

Les migrants subsahariens, quant à eux, fuient les conflits, la pauvreté ou les persécutions dans leurs pays d’origine. La Tunisie, longtemps terre de transit, devient aussi un pays d’installation temporaire, mais les conditions d’accueil sont précaires et marquées par le racisme.

La réponse tunisienne et européenne

Face à la pression migratoire, les autorités tunisiennes ont renforcé les contrôles, multiplié les arrestations de passeurs et accepté une coopération accrue avec l’Union européenne. Des fonds européens sont alloués pour soutenir la surveillance des frontières et l’aide au retour volontaire.

Mais cette politique sécuritaire est critiquée par les ONG, qui dénoncent les atteintes aux droits humains, les refoulements illégaux et l’absence de solutions durables. L’UE, de son côté, cherche à négocier des accords de réadmission et à externaliser la gestion des flux migratoires, sans traiter les causes profondes de l’exil.

Initiatives locales et solidarité

Malgré les difficultés, des associations tunisiennes et internationales se mobilisent pour venir en aide aux migrants. Elles fournissent un accompagnement juridique, une aide alimentaire, un soutien psychologique et des formations professionnelles. Des campagnes de sensibilisation contre le racisme et pour l’inclusion sociale voient le jour, portées par des jeunes engagés.

Des initiatives de développement local, portées par des entrepreneurs, des collectivités et des ONG, visent à offrir des alternatives à l’émigration : formation, microcrédit, agriculture durable, tourisme solidaire.

Un enjeu régional et international

La question migratoire en Tunisie dépasse les frontières nationales. Elle met en jeu la stabilité de la Méditerranée, les relations euro-africaines et la responsabilité partagée des pays d’origine, de transit et d’accueil. Les sommets internationaux se succèdent, mais peinent à proposer des solutions globales et humaines.

Conclusion : entre urgence et espoir

La crise migratoire tunisienne est le reflet d’un malaise profond, mais aussi d’une capacité de résistance et d’innovation de la société civile. Pour endiguer les départs, il faudra plus que des contrôles : un véritable projet de développement, de justice sociale et de coopération équitable entre l’Europe et l’Afrique.

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