Opération de sauvetage d’envergure en Méditerranée centrale
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2025, la garde nationale maritime tunisienne a secouru 230 migrants clandestins à bord de deux embarcations en détresse, à 35 km au large de Sfax. Les opérations de sauvetage, coordonnées avec la marine nationale et les équipes du Croissant-Rouge, ont permis d’éviter un drame de plus sur cette route migratoire devenue l’une des plus meurtrières du globe.
Les rescapés, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne (Guinée, Côte d’Ivoire, Nigeria), se trouvaient dans un état de fatigue extrême, certains souffrant de déshydratation et d’hypothermie. Trois femmes enceintes et dix mineurs font partie du groupe recueilli ; une prise en charge sanitaire a été immédiatement déclenchée.
Sfax, nouveau centre névralgique des départs
Sfax est aujourd’hui le principal point de départ pour les traversées vers l’île italienne de Lampedusa, un phénomène renforcé par la dispersion des contrôles en Libye et l’effet d’appel créé par certains réseaux de passeurs. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 9 000 migrants ont été interceptés ou secourus au large de la Tunisie depuis janvier 2025, un record absolu en pleine saison estivale.
Les autorités tunisiennes face à la double pression
Le gouvernement tunisien, scruté par ses partenaires européens, doit faire face à deux impératifs :
- sécuriser ses frontières maritimes pour limiter les drames humains et répondre aux demandes européennes de « contrôle renforcé » ;
- tout en gérant les tensions sociales croissantes en interne : afflux de migrants dans les quartiers précaires, rivalités avec les populations locales, saturation des centres d’accueil.
Une enveloppe européenne de 105 millions d’euros a été annoncée pour renforcer les capacités de la garde côtière tunisienne et financer des programmes locaux d’aide au retour volontaire.

Drames successifs et réponses humanitaires
Malgré la multiplication de ces opérations de secours, le nombre de disparus en Méditerranée centrale ne cesse de croître. Des ONG telles que Médecins Sans Frontières dénoncent le manque de moyens, les politiques de refoulement et la traque des réseaux de solidarité locale. La route migratoire, désormais balisée par des patrouilles européennes (Frontex, Guardia Costiera), n’en reste pas moins risquée : naufrages, extorsion par des passeurs, violences et drames à répétition.
Quelles perspectives pour la gestion migratoire ?
Les autorités tunisiennes cherchent à renforcer la coopération régionale (Italie, Malte, Libye) et à proposer des alternatives économiquement viables à la jeunesse tentée par l’exil. À court terme, la pression ne faiblit pas, alimentant des débats en Europe sur le partage de la responsabilité, l’accueil et la politique du « retour ».
La Méditerranée s’impose ainsi, encore en ce cœur de l’été 2025, comme la scène d’une crise humanitaire dont la solution durable semble hors de portée si elle ne passe pas par un nouvel élan de coopération internationale, d’aide au développement et de réponse politique aux causes profondes de l’exil.