Une guerre de mots qui prolonge la confrontation militaire
Alors que les missiles se sont tus, la guerre entre les États-Unis et l’Iran se poursuit sur un autre terrain : celui des mots, des déclarations officielles et des communiqués triomphalistes. Depuis l’intensification des frappes entre Israël et l’Iran à la mi-juin 2025, la rhétorique belliqueuse n’a jamais été aussi vive entre Washington et Téhéran. D’un côté, Donald Trump, figure de proue du camp républicain et artisan d’une politique étrangère musclée, multiplie les messages de fermeté et de victoire. De l’autre, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, galvanise la nation iranienne en promettant la résistance et la revanche contre « l’arrogance américaine ».
Trump : la victoire par la communication
Depuis son retour sur le devant de la scène, Donald Trump n’a cessé de s’ériger en chef de guerre. Sur les réseaux sociaux, lors de meetings ou par des communiqués officiels, il martèle que « l’Amérique n’a jamais été aussi forte » et que « l’Iran a reçu la leçon qu’il méritait ». Il célèbre chaque interception de missile, chaque opération de renseignement comme une preuve de la supériorité américaine. Pour Trump, l’objectif est double : rassurer ses partisans, galvaniser l’opinion publique et envoyer un message clair à ses alliés comme à ses adversaires : les États-Unis ne reculeront devant aucune menace.
Khamenei : la résistance comme doctrine
Face à cette offensive verbale, l’ayatollah Khamenei oppose une rhétorique de résistance nationale. Dans ses discours, il accuse les États-Unis de vouloir « dominer le Moyen-Orient » et de « piétiner la souveraineté des peuples ». Il félicite les forces iraniennes pour leur « courage » et leur « capacité de riposte », tout en promettant que « chaque goutte de sang versée sera vengée ». Les médias d’État iraniens relaient en boucle les images de manifestations anti-américaines, de funérailles de martyrs et de parades militaires, construisant un récit de victoire morale face à l’ennemi occidental.
La diplomatie en panne, l’escalade verbale en marche
Cette guerre des mots n’est pas sans conséquences. Elle bloque toute tentative de dialogue ou de médiation internationale. Les initiatives de l’Union européenne, de la Russie ou de la Chine pour relancer les négociations nucléaires sont systématiquement torpillées par les déclarations incendiaires des deux camps. Chaque incident, chaque bavure militaire devient prétexte à une surenchère verbale, alimentant la peur d’une reprise des hostilités.
L’opinion publique : entre peur, colère et résignation
Dans les rues de Téhéran comme à Washington, la population suit avec anxiété cette escalade. En Iran, la propagande officielle renforce le sentiment d’encerclement, mais la lassitude gagne du terrain après des années de sanctions et de tensions. Aux États-Unis, la polarisation politique fait que chaque camp interprète la situation à l’aune de ses convictions : pour les partisans de Trump, la fermeté est la seule réponse possible ; pour ses opposants, elle ne fait qu’aggraver l’isolement américain.
Les réseaux sociaux, amplificateurs de la guerre psychologique
Twitter, Telegram, Instagram : les plateformes numériques sont devenues des champs de bataille. Les hashtags #VictoryForAmerica et #DeathToAmerica s’affrontent, les vidéos de frappes ou de manifestations sont partagées des millions de fois. Les fake news et la désinformation prospèrent, rendant plus difficile toute analyse objective de la réalité du terrain.
Les risques d’un engrenage incontrôlable
Si la guerre des mots peut sembler moins dangereuse que la guerre des armes, elle n’en est pas moins risquée. Elle entretient la haine, justifie les budgets militaires et rend toute désescalade plus difficile. De nombreux experts alertent : un incident mal interprété, une déclaration trop belliqueuse, et la spirale de la violence pourrait reprendre, avec des conséquences dramatiques pour la région et le monde.
Conclusion : la paix, otage de la communication
En 2025, la guerre ne se joue plus seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les studios de télévision, sur les réseaux sociaux et dans les discours des dirigeants. Tant que Trump et Khamenei continueront à faire de la communication une arme de guerre, la paix restera fragile et la région sous tension.