Togo – Nouvelle architecture du pouvoir et élection du président du Conseil : dynastie Gnassingbé et démocratie en question

Introduction

Le Togo a connu en 2024-2025 une transformation politique majeure avec l’adoption d’une nouvelle constitution qui modifie en profondeur la structure du pouvoir exécutif. Désormais, le président du Conseil des ministres, élu par l’Assemblée nationale, concentre l’essentiel des prérogatives du chef de l’État. Cette réforme, qui a permis à Faure Gnassingbé de prolonger son règne, soulève de vifs débats sur la nature de la démocratie togolaise, la séparation des pouvoirs et la pérennité d’une dynastie familiale au sommet de l’État.

Un changement constitutionnel controversé

En mars 2024, l’Assemblée nationale, largement dominée par le parti au pouvoir UNIR, a adopté une révision constitutionnelle supprimant l’élection directe du président par le peuple7. Le nouveau texte crée le poste de président du Conseil des ministres (PCM), doté de tous les pouvoirs exécutifs civils et militaires. Ce dernier est désormais élu par les députés, et non plus par les citoyens.

Peu après, des élections législatives organisées à la hâte ont permis à l’UNIR de rafler 108 des 113 sièges de l’Assemblée, garantissant à Faure Gnassingbé son élection à la tête du Conseil des ministres et la continuité de la dynastie au pouvoir depuis 58 ans7.

Une démocratie de façade ?

Cette réforme a été critiquée par l’opposition et la société civile, qui dénoncent une confiscation du pouvoir et un recul démocratique. Le nouveau système, qui s’apparente à un régime parlementaire, n’offre qu’une façade de pluralisme : le contrôle quasi total de l’Assemblée par l’UNIR rend toute alternance illusoire.

La communauté internationale observe avec inquiétude cette évolution qui va à l’encontre des tendances à l’ouverture démocratique sur le continent.

Les enjeux pour la société togolaise

Pour la population togolaise, ces changements institutionnels ont peu d’impact sur la vie quotidienne, marquée par la pauvreté, le chômage et l’exode des jeunes. Le sentiment de résignation prédomine, même si des voix s’élèvent pour réclamer plus de justice sociale et de transparence.

Perspectives régionales et internationales

Le Togo reste un partenaire stable pour de nombreux acteurs internationaux, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du golfe de Guinée. Mais la question du renouvellement politique et du respect des principes démocratiques reste posée.

Conclusion

La réforme constitutionnelle de 2024-2025 au Togo consacre la mainmise de la famille Gnassingbé sur le pouvoir et interroge sur la réalité de la démocratie dans le pays. Si la stabilité institutionnelle est assurée, le déficit de légitimité populaire et l’absence de véritable compétition politique pourraient peser sur l’avenir du Togo.

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