Introduction
Les relations entre la France et l’Algérie connaissent une nouvelle période de turbulences. Le 27 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a accusé Paris de pratiquer un «chantage aux visas» après la décision du gouvernement français de réduire de 30% le nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens. Cette mesure, justifiée à Paris par «le manque de coopération consulaire d’Alger sur le retour des sans-papiers», est perçue par l’Algérie comme une «humiliation inacceptable».
La décision française
Depuis deux mois, le gouvernement de François Bayrou applique une réduction stricte du nombre de visas accordés aux Algériens : de 150 000 en 2024, on passe à environ 100 000 en 2025. L’objectif : pousser Alger à délivrer davantage de laissez-passer consulaires pour faciliter l’expulsion de ses ressortissants en situation irrégulière en France. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 7 500 obligations de quitter le territoire n’ont pu être exécutées l’an dernier faute de coopération algérienne.
La riposte d’Alger
Alger a aussitôt dénoncé «un chantage inacceptable qui pénalise les familles et les étudiants avant tout». Le ministre algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France, affirmant que cette politique «sape la confiance entre les deux peuples». Dans la presse algérienne, les éditoriaux parlent d’une «humiliation» qui risque d’envenimer encore davantage une relation bilatérale déjà marquée par les tensions mémorielles et migratoires.
Un dossier explosif et récurrent
Ce n’est pas la première fois que la question des visas provoque une crise. En 2021 déjà, Paris avait réduit leur nombre pour l’Algérie et le Maroc, déclenchant un tollé. Si l’accord avait finalement été révisé, la question reste un levier diplomatique utilisé par la France, au grand dam des pays concernés. «C’est une arme à double tranchant : elle veut sanctionner les gouvernements, mais ce sont les familles et les étudiants qui en payent le prix», commente un diplomate maghrébin.
Conséquences humaines et économiques
De nombreuses familles algériennes maintiennent des liens étroits avec la France, qu’il s’agisse d’étudiants (près de 30 000 Algériens inscrits dans les universités françaises) ou de couples mixtes. La réduction des visas menace directement ces liens. Les compagnies aériennes et agences de voyages redoutent également une chute du trafic. Plusieurs organisations de la diaspora dénoncent une politique «cynique et inefficace», qui ne résout pas le problème des sans-papiers.
Conclusion
Cette nouvelle crise illustre la fragilité persistante de la relation franco-algérienne, tiraillée entre interdépendances économiques, questions mémorielles et tensions migratoires. Derrière le terme de «chantage», Alger signale à Paris que la coopération future ne peut reposer uniquement sur la logique sécuritaire.