Introduction
Le Tchad vient de franchir une étape majeure dans la valorisation de ses ressources naturelles. Un accord d’exploitation minière a été conclu dans la région du Tibesti, au nord du pays, zone connue pour ses richesses en or, uranium et autres minerais stratégiques. Ce partenariat, salué par le gouvernement comme un levier de développement, suscite cependant des inquiétudes parmi les populations locales et la société civile. Quels sont les enjeux économiques, sociaux et sécuritaires de cet accord ? Analyse d’une actualité qui pourrait transformer le visage du Tchad.
I. Le Tibesti : un trésor minier longtemps convoité
1.1. Un potentiel colossal
Le massif du Tibesti, frontière naturelle avec la Libye, recèle d’importantes réserves d’or, d’uranium, de tungstène, de fer et de terres rares. Depuis des décennies, cette région attire prospecteurs artisanaux, sociétés étrangères et groupes armés.
1.2. Un territoire sous tension
Le Tibesti est aussi une zone difficile d’accès, marquée par l’insécurité, la présence de groupes armés et des conflits récurrents entre orpailleurs, militaires et populations autochtones (notamment les Toubous).
II. L’accord d’exploitation : contenu et partenaires
2.1. Un partenariat public-privé
L’accord signé en avril 2025 associe l’État tchadien à un consortium international, comprenant des sociétés minières européennes et asiatiques. Il prévoit :
- L’exploitation industrielle de plusieurs sites aurifères et uranifères
- La création d’emplois locaux
- Le reversement d’une part des revenus à l’État et aux collectivités locales
- Des investissements dans les infrastructures (routes, écoles, santé)
2.2. Les attentes du gouvernement
Pour N’Djamena, ce projet doit permettre de diversifier l’économie, longtemps dépendante du pétrole, et d’accroître les recettes publiques. Le gouvernement promet transparence et retombées pour les populations du Tibesti.
III. Les réactions locales et les défis à relever
3.1. Inquiétudes des communautés du Tibesti
Les leaders locaux Toubous et la société civile expriment des craintes :
- Marginalisation des populations autochtones
- Dégradation de l’environnement
- Risque d’afflux massif de travailleurs venus d’autres régions
- Partage inéquitable des bénéfices
3.2. Sécurité et gouvernance
La sécurisation des sites miniers reste un défi majeur. Des groupes armés pourraient chercher à profiter de la manne minière. La corruption et le manque de transparence dans la gestion des revenus miniers sont également pointés du doigt.
IV. Les enjeux pour le développement du Tchad
4.1. Un potentiel de transformation
Si les promesses sont tenues, l’exploitation minière pourrait financer des infrastructures, créer des emplois et améliorer l’accès à l’éducation et à la santé dans une région longtemps délaissée.
4.2. Risques de « malédiction des ressources »
Sans une gouvernance exemplaire, le Tchad pourrait tomber dans le piège de la « malédiction des ressources » : conflits, corruption, inégalités et dépendance accrue aux matières premières.
Conclusion
L’accord sur l’exploitation minière au Tibesti est porteur d’espoirs pour l’économie tchadienne, mais il ne pourra réussir sans une implication réelle des populations locales, une gestion transparente et une sécurisation effective des sites. Le défi est immense : transformer la richesse du sous-sol en développement durable pour tous.