Introduction
La Tanzanie est de nouveau endeuillée par une tragédie routière. Le 8 juin 2025, une collision entre un bus de transport en commun et un camion a coûté la vie à au moins 28 personnes, dont plusieurs enfants et étudiants. Ce drame, qui s’ajoute à une longue liste d’accidents mortels sur les routes tanzaniennes, met en lumière les défis persistants de la sécurité routière en Afrique de l’Est. Pourquoi les accidents sont-ils si fréquents ? Quelles sont les responsabilités des autorités, des opérateurs de transport et des usagers ? Et quelles solutions peuvent être mises en œuvre pour sauver des vies ? Cet article propose une analyse complète de la situation en Tanzanie et des enjeux régionaux.
Les circonstances de l’accident
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’accident s’est produit sur une route nationale très fréquentée reliant Dodoma à Mwanza. Le bus, qui transportait des passagers vers le nord du pays, aurait tenté de dépasser un véhicule lent avant de percuter de plein fouet un camion venant en sens inverse. Les secours, arrivés rapidement sur les lieux, ont constaté l’ampleur du drame : de nombreux passagers sont morts sur le coup, d’autres ont succombé à leurs blessures à l’hôpital.
Les autorités évoquent une combinaison de facteurs : excès de vitesse, imprudence du conducteur, état dégradé de la chaussée et surcharge du véhicule. Ce scénario est tristement récurrent sur les routes tanzaniennes.
Un fléau national et régional
La Tanzanie affiche l’un des taux de mortalité routière les plus élevés d’Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 16 000 personnes meurent chaque année sur les routes du pays. Les accidents impliquant des bus de transport en commun sont particulièrement meurtriers, en raison de la vétusté des véhicules, du non-respect des normes de sécurité et de la formation insuffisante des chauffeurs.
Ce phénomène n’est pas propre à la Tanzanie : l’ensemble de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Rwanda, Burundi) est confronté à une explosion du trafic routier, sans que les infrastructures et les systèmes de contrôle ne suivent le rythme.
Les responsabilités partagées
Plusieurs acteurs portent une part de responsabilité dans la multiplication des accidents :
- Les autorités publiques : Manque d’investissement dans l’entretien des routes, faiblesse des contrôles techniques, corruption lors des inspections et délivrance de permis de conduire.
- Les compagnies de transport : Surcharge des véhicules, non-respect des temps de repos des chauffeurs, absence de formation continue et de suivi médical.
- Les usagers : Imprudence, non-port de la ceinture de sécurité, surconsommation d’alcool ou de stupéfiants chez certains conducteurs.
Les conséquences humaines et économiques
Au-delà du drame humain, chaque accident a des conséquences économiques majeures. Les victimes sont souvent des travailleurs, des étudiants ou des chefs de famille, dont la disparition plonge des foyers entiers dans la précarité. Les blessés graves, nombreux à chaque accident, nécessitent des soins coûteux et de longue durée. Le coût global des accidents de la route représenterait jusqu’à 3 % du PIB de la Tanzanie, selon la Banque mondiale.
Les réponses des autorités et de la société civile
Face à la gravité de la situation, le gouvernement tanzanien a pris plusieurs mesures : renforcement des contrôles routiers, campagnes de sensibilisation, introduction de radars automatiques et sanctions plus sévères contre les contrevenants. Des ONG locales et internationales travaillent également à la formation des chauffeurs, à la promotion du port de la ceinture et à l’éducation des jeunes.
Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du problème. Les contrôles sont souvent contournés, la corruption mine l’efficacité des sanctions, et la pression économique pousse les compagnies à privilégier la rentabilité sur la sécurité.
Les solutions pour l’avenir
Pour réduire durablement le nombre d’accidents, plusieurs pistes doivent être explorées :
- Investissement massif dans les infrastructures : Réhabilitation des routes, création de voies réservées aux bus, amélioration de la signalisation.
- Réforme du secteur du transport : Imposition de normes strictes pour les véhicules, suivi médical et psychologique des chauffeurs, incitations à la modernisation du parc automobile.
- Renforcement de la gouvernance : Lutte contre la corruption, transparence dans la délivrance des permis et dans les marchés publics liés au transport.
- Éducation et sensibilisation : Programmes scolaires sur la sécurité routière, campagnes ciblant les jeunes et les conducteurs professionnels.
Conclusion
La collision mortelle survenue en Tanzanie rappelle l’urgence d’une mobilisation collective pour améliorer la sécurité routière en Afrique de l’Est. Il ne s’agit pas seulement de sauver des vies, mais aussi de garantir le développement économique et social de la région. Seule une approche globale, associant autorités, opérateurs et citoyens, permettra de transformer durablement la culture de la route et d’offrir à tous un transport sûr et fiable.