Tanzanie : Arrestation de la responsable communication du Chadema, la liberté d’expression à l’épreuve de la répression politique

La Tanzanie, longtemps considérée comme un bastion de stabilité en Afrique de l’Est, traverse depuis plusieurs années une période de crispation politique marquée par la montée des tensions entre le pouvoir et l’opposition. L’arrestation récente de la responsable de la communication du principal parti d’opposition, Chadema, a ravivé les inquiétudes sur l’état de la liberté d’expression et du pluralisme démocratique dans le pays.

Une arrestation qui suscite l’indignation

Le 10 juillet 2025, la police tanzanienne a interpellé Fatma Karume, figure respectée du Chadema et avocate de renom, lors d’une conférence de presse à Dar es Salaam. Officiellement, elle est accusée de “propos séditieux” et d’“incitation à la haine contre les institutions de l’État” après avoir critiqué publiquement la gestion de la dernière réforme constitutionnelle et dénoncé les arrestations arbitraires de militants. Son interpellation, suivie d’une garde à vue prolongée, a immédiatement suscité une vague de protestations de la part des organisations de défense des droits humains, des avocats et de la société civile, qui dénoncent un climat de répression croissante à l’approche des élections générales de 2026.

La liberté d’expression sous pression

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Samia Suluhu Hassan, la communauté internationale espérait une ouverture démocratique après les années de gouvernance autoritaire de son prédécesseur, John Magufuli. Si certains progrès ont été enregistrés, notamment dans le dialogue avec l’opposition et la réouverture de certains médias indépendants, les arrestations de figures de l’opposition et les poursuites pour “sédition” ou “diffamation” restent fréquentes.

Les observateurs notent que le pouvoir utilise régulièrement l’appareil judiciaire pour intimider les voix dissidentes et limiter l’espace civique. Les lois sur la cybercriminalité, la presse et les rassemblements publics sont souvent invoquées pour restreindre la liberté d’expression, au détriment du débat démocratique.

Réactions nationales et internationales

L’arrestation de Fatma Karume a été condamnée par Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission africaine des droits de l’homme, qui appellent à sa libération immédiate et à la fin des poursuites contre les opposants politiques. Au sein du pays, des marches pacifiques ont été organisées à Dar es Salaam et Arusha, malgré la présence massive des forces de sécurité.

Le gouvernement, de son côté, affirme respecter l’État de droit et accuse l’opposition de vouloir “déstabiliser la paix sociale”. Cette rhétorique, déjà utilisée lors des précédentes crises politiques, ne convainc pas les observateurs indépendants, qui redoutent une escalade de la répression à l’approche des échéances électorales.

Les enjeux pour la démocratie tanzanienne

L’affaire Karume s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des acquis démocratiques en Afrique de l’Est. Pour de nombreux Tanzaniens, la liberté d’expression et la participation politique sont des droits fondamentaux à défendre face à la tentation autoritaire. La société civile, les médias indépendants et les jeunes militants multiplient les initiatives pour sensibiliser l’opinion et exiger des réformes en profondeur.

La suite de cette affaire sera déterminante pour l’image de la Tanzanie sur la scène internationale et pour la confiance des citoyens dans leurs institutions. Le pays joue aujourd’hui une partie de sa crédibilité démocratique, alors que la région est scrutée pour sa capacité à garantir des transitions pacifiques et inclusives.

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