N’Djamena – Le climat politique tchadien s’est de nouveau tendu avec l’annonce de la grève de la faim de Succès Masra, figure de l’opposition et président du parti Les Transformateurs. Ce mouvement de protestation, entamé après l’arrestation de plusieurs militants et la multiplication des pressions sur les opposants, met en lumière la dérive autoritaire du régime en place. Masra, dont la popularité ne cesse de croître auprès de la jeunesse urbaine, dénonce l’absence de dialogue politique, la répression systématique et la confiscation des libertés fondamentales.
Depuis la mort du président Idriss Déby en 2021, le Tchad est dirigé par un Conseil militaire de transition présidé par son fils, Mahamat Idriss Déby. Si les autorités promettent une transition démocratique, la réalité du terrain est bien différente : arrestations arbitraires, interdictions de manifester, coupures d’internet et intimidations à l’encontre des journalistes et des défenseurs des droits humains. La grève de la faim de Masra, suivie par d’autres figures de l’opposition, vise à attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation et à exiger la libération des prisonniers politiques.
La société civile tchadienne, longtemps muselée, tente de s’organiser malgré les risques. Des collectifs de jeunes, des associations de femmes et des syndicats dénoncent la gestion autoritaire du pouvoir et appellent à une véritable ouverture politique. Les réseaux sociaux, malgré les restrictions, restent un espace de mobilisation et de diffusion des témoignages sur les abus subis. Les familles des détenus politiques multiplient les appels à la solidarité et à la vigilance.
La communauté internationale, de son côté, se montre prudente. L’Union africaine et l’ONU appellent au respect des droits humains et à la reprise du dialogue, mais les pressions demeurent limitées face à la position stratégique du Tchad dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Les chancelleries occidentales, préoccupées par la stabilité régionale, hésitent à condamner ouvertement le régime.
Pour Succès Masra et ses partisans, la grève de la faim est un acte de résistance ultime, symbole du refus de la résignation face à l’arbitraire. Leur combat s’inscrit dans une dynamique plus large de quête de justice, de transparence et de pluralisme politique. Le sort de l’opposition tchadienne, à la veille d’échéances électorales cruciales, sera un test pour la crédibilité de la transition et la capacité du pays à s’engager sur la voie de la démocratie.
