Soudan : l’ONU alerte sur un risque « très élevé » de génocide dans le conflit armé, la communauté internationale sous pression

Le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires et sécuritaires de son histoire récente. Depuis avril 2023, le pays est plongé dans un conflit armé opposant l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti ». Les combats, d’une violence extrême, ont provoqué des milliers de morts, des millions de déplacés et un effondrement total des services de base. En juin 2025, l’ONU a lancé une alerte sans précédent : le risque de génocide est désormais « très élevé » dans plusieurs régions du pays, notamment au Darfour.

Une situation humanitaire catastrophique

Les Nations unies, par la voix de leur Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, ont tiré la sonnette d’alarme : « Nous assistons à une escalade des violences ciblées contre certaines communautés, à des massacres, des viols et des destructions massives. Les conditions sont réunies pour un génocide si la communauté internationale n’agit pas rapidement. »

Le Darfour, région déjà meurtrie par les violences des années 2000, est de nouveau le théâtre d’exactions systématiques. Les témoignages recueillis par les ONG font état de villages rasés, de populations civiles prises pour cible en raison de leur appartenance ethnique, et d’un accès humanitaire quasi impossible. Plus de 10 millions de Soudanais sont aujourd’hui déplacés internes ou réfugiés dans les pays voisins.

L’impasse politique et l’échec des négociations

Les tentatives de médiation, menées par l’Union africaine, l’IGAD et les Nations unies, n’ont jusqu’à présent pas permis de faire taire les armes. Les deux camps s’accusent mutuellement de crimes de guerre et refusent tout compromis. La capitale, Khartoum, est en grande partie détruite, et de nombreuses villes du pays sont coupées du reste du monde.

La société civile soudanaise, très mobilisée depuis la révolution de 2019, tente de faire entendre sa voix, mais elle est prise en étau entre les belligérants. Les appels à un cessez-le-feu humanitaire restent lettre morte, et les sanctions internationales n’ont pas eu l’effet escompté.

La communauté internationale sous pression

Face à la gravité de la situation, la communauté internationale est vivement critiquée pour son inaction. Plusieurs voix, dont celles de l’Union européenne, des États-Unis et de l’Union africaine, appellent à une intervention d’urgence pour protéger les civils et garantir l’accès à l’aide humanitaire. Des discussions sont en cours au Conseil de sécurité de l’ONU pour envisager des mesures coercitives, voire une mission de protection internationale.

Les organisations humanitaires, quant à elles, réclament des couloirs sécurisés pour acheminer vivres, médicaments et abris aux populations en détresse. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que le risque de famine est imminent dans plusieurs régions.

Un risque de déstabilisation régionale

La crise soudanaise a déjà des répercussions sur l’ensemble de la Corne de l’Afrique. Les flux massifs de réfugiés mettent à rude épreuve les capacités d’accueil du Tchad, du Soudan du Sud, de l’Éthiopie et de la Centrafrique. Les risques de contagion du conflit à ces pays voisins sont réels, tout comme la montée des trafics et de l’insécurité transfrontalière.

Perspectives et appels à l’action

L’alerte lancée par l’ONU doit servir d’électrochoc. Les experts estiment que seule une mobilisation internationale forte, associant pressions diplomatiques, aide humanitaire et soutien à la société civile, pourra éviter le pire. Le Soudan, pays clé du continent africain, ne peut être abandonné à la violence et à la loi du plus fort.

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