Soudan : Le nouveau Premier ministre promet d’éliminer la rébellion, quelles chances de succès ?

Introduction

Le Soudan, pays meurtri par des années de conflits internes, de coups d’État et de crises humanitaires, vient de connaître un nouveau rebondissement politique. Le tout nouveau Premier ministre, nommé à la suite de la dissolution surprise du gouvernement, a affiché une volonté ferme : « éliminer la rébellion » qui mine la stabilité du pays. Cette déclaration, prononcée lors de sa première allocution officielle le 2 juin 2025, suscite autant d’espoirs que de scepticisme, tant la tâche paraît immense au regard de la situation sur le terrain.

Un pays divisé, une rébellion enracinée

Depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019, le Soudan peine à tourner la page de la dictature et à instaurer une paix durable. Les régions du Darfour, du Kordofan et du Nil Bleu restent le théâtre d’affrontements réguliers entre l’armée soudanaise et divers groupes rebelles, certains hérités des anciennes guerres civiles, d’autres nés du chaos politique récent. La population, épuisée par des décennies de violences, aspire à la stabilité mais doute de la capacité des autorités à imposer leur autorité sur l’ensemble du territoire.

Le nouveau Premier ministre : profil et ambitions

Peu connu du grand public, le nouveau chef du gouvernement, Ahmed El-Mahdi, est un technocrate issu de la diaspora, formé à l’étranger et revenu au pays après la révolution de 2019. Il a été choisi pour son image de neutralité et son expertise en gestion de crise. Lors de son discours d’investiture, il a promis de « restaurer l’ordre, désarmer les milices et engager un dialogue inclusif avec toutes les composantes de la société ». Il a également tendu la main à la communauté internationale, appelant à un soutien accru pour la reconstruction et la pacification du pays.

Les défis sécuritaires

La promesse d’« éliminer la rébellion » se heurte à une réalité complexe. Les groupes armés, parfois soutenus par des puissances étrangères ou des réseaux criminels, disposent d’un ancrage local fort et bénéficient du ressentiment d’une partie de la population contre l’État central. Les tentatives précédentes de désarmement ont souvent échoué, faute de moyens et de volonté politique. De plus, l’armée soudanaise elle-même est minée par les rivalités internes et les allégeances fluctuantes.

Les enjeux du dialogue national

Le nouveau Premier ministre a annoncé l’ouverture prochaine d’une conférence nationale de réconciliation, censée réunir tous les acteurs politiques, y compris les rebelles. Cette initiative est saluée par certains observateurs, qui y voient une chance de briser le cycle de la violence. Mais elle suscite aussi la méfiance, tant les précédents dialogues ont été perçus comme des manœuvres dilatoires. « Le succès dépendra de la sincérité du processus et de la capacité à offrir des garanties de sécurité et de développement aux régions marginalisées », souligne un analyste du centre de recherche Al Jazeera.

La pression internationale

Le Soudan reste sous surveillance de la communauté internationale. L’Union africaine, l’ONU et plusieurs donateurs occidentaux conditionnent leur aide à des avancées concrètes sur le plan des droits humains et de la gouvernance. La récente dissolution du gouvernement et la nomination d’El-Mahdi ont été accueillies avec prudence, certains partenaires appelant à la « vigilance » pour éviter un retour à l’autoritarisme. La stabilité du Soudan est jugée cruciale pour l’ensemble de la région, notamment en raison des risques de contagion vers le Tchad, le Soudan du Sud et la Libye.

Les attentes de la population

Dans les rues de Khartoum comme dans les villages reculés du Darfour, les attentes sont immenses. La population réclame la fin des violences, l’accès aux services de base et la relance de l’économie. Mais la méfiance reste forte envers les élites politiques, accusées de privilégier leurs intérêts au détriment du bien commun. Les jeunes, en particulier, attendent des signes concrets de changement, après avoir été à l’avant-garde des manifestations de 2019.

Conclusion

La promesse du nouveau Premier ministre soudanais d’« éliminer la rébellion » est un pari risqué, mais nécessaire pour espérer sortir le pays de l’ornière. Le succès dépendra de sa capacité à conjuguer fermeté sécuritaire, dialogue inclusif et réformes structurelles. Le Soudan, à la croisée des chemins, joue une partie décisive pour son avenir.

Related posts

Somalie – Mogadiscio sous tension après de nouvelles attaques d’Al-Shabaab

Tchad – Riposte à Trump, suspension des visas pour les Américains, bras de fer inédit

Sénégal – Ousmane Sonko lance son mouvement panafricain depuis Dakar, ambitions et réactions