Au Soudan du Sud, pays marqué par des années de guerre civile, la musique s’impose comme un langage universel, capable de transcender les clivages ethniques et politiques. Depuis la signature de l’accord de paix de 2018, la scène musicale sud-soudanaise connaît un renouveau, porté par une jeunesse avide de réconciliation et d’expression artistique.
La musique, vecteur de cohésion
Dans les rues de Juba, la capitale, les concerts de groupes locaux attirent un public de plus en plus diversifié. Des artistes comme Emmanuel Jal, ancien enfant soldat devenu rappeur engagé, ou la chanteuse Mary Boyoi, militante pour la paix, incarnent cette nouvelle génération qui fait de la musique un outil de dialogue. Les festivals, souvent organisés avec le soutien d’ONG internationales, favorisent la rencontre entre différentes communautés, longtemps opposées par les conflits.
Les textes abordent des thèmes universels : la paix, l’amour, la tolérance, mais aussi la dénonciation des violences et des injustices. Pour beaucoup, la musique est un exutoire, un moyen de panser les blessures du passé et de rêver à un avenir commun.
Un espace d’expression pour la jeunesse
La jeunesse sud-soudanaise, qui représente plus de 70 % de la population, se reconnaît dans ces artistes qui osent briser les tabous. Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la diffusion des nouveaux courants musicaux, du hip-hop au reggae, en passant par la pop locale. Les clips, souvent tournés avec des moyens modestes, témoignent d’une créativité débordante et d’une volonté de s’approprier l’espace public.

Les radios communautaires, très écoutées en zone rurale, relaient également ces messages de paix. Elles donnent la parole aux jeunes, aux femmes, aux anciens combattants, créant ainsi un dialogue intergénérationnel inédit.
Les défis à relever
Malgré cet élan, les artistes sud-soudanais doivent faire face à de nombreux obstacles : manque d’infrastructures, censure, difficultés économiques. Le soutien des institutions publiques reste limité, et la professionnalisation du secteur peine à décoller. Pourtant, la demande existe, et la diaspora sud-soudanaise contribue activement à la promotion des talents locaux à l’international.
La question de la liberté d’expression demeure centrale. Si la musique est un espace de liberté, elle peut aussi être perçue comme subversive par certains groupes armés ou responsables politiques. Les artistes doivent donc composer avec un environnement parfois hostile, sans renoncer à leur engagement.
Conclusion ouverte
La musique sud-soudanaise, en pleine effervescence, porte l’espoir d’une société plus apaisée et inclusive. Elle rappelle que la culture, loin d’être un luxe, est un levier essentiel de reconstruction et de dialogue. Reste à savoir si les autorités et la communauté internationale sauront accompagner ce mouvement pour en faire un véritable moteur de paix durable.