Une urgence sanitaire dans un pays fragilisé
Le Soudan du Sud, encore meurtri par plus d’une décennie de guerre civile, est confronté depuis juin 2025 à une épidémie de choléra qui s’étend rapidement dans plusieurs États du pays. Au 12 août, le ministère de la Santé dénombrait plus de 8 400 cas suspects et près de 240 décès, un bilan qui pourrait être sous-estimé en raison du manque de capacités de dépistage et de surveillance épidémiologique dans les zones rurales.
Le choléra se propage particulièrement dans les États de Jonglei, Unity et Central Equatoria, où les conditions sanitaires sont catastrophiques : absence d’accès à l’eau potable, systèmes d’assainissement détruits par les conflits, déplacements massifs de populations.
Les causes structurelles de la flambée
L’épidémie met en lumière les fragilités profondes du pays :
- Infrastructure sanitaire très dégradée : Moins de 40% des structures de santé sont pleinement opérationnelles.
- Déplacements massifs : Plus de 2 millions de déplacés internes vivent dans des camps surpeuplés, sans réseaux d’assainissement fiables.
- Saison des pluies : Les inondations récurrentes contaminent les puits et forcent les populations à utiliser des eaux stagnantes.
Les réponses nationales et internationales
Le gouvernement sud-soudanais, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de l’UNICEF et de Médecins Sans Frontières (MSF), a lancé une campagne d’urgence comprenant :
- Distribution de kits d’hygiène (chlore, savons, filtres à eau).
- Campagnes de vaccination orale contre le choléra dans les zones à haut risque.
- Mise en place de centres de traitement et de réhydratation.
Des campagnes de sensibilisation, via radios locales et leaders communautaires, informent les habitants des mesures de prévention simples : lavage régulier des mains, utilisation d’eau bouillie ou traitée.
Les difficultés du terrain
L’insécurité persistante limite l’accès des équipes médicales dans certaines régions. Les ONG rapportent aussi des pénuries de médicaments essentiels et de carburant pour le transport des patients vers les hôpitaux.
Les risques à moyen terme
Sans action rapide et de grande ampleur, l’épidémie pourrait se propager dans les pays voisins – surtout le Soudan et l’Ouganda – via les flux migratoires et commerciaux. Le choléra, bien que connu et évitable, continue de tuer parce qu’il prospère dans la pauvreté, l’instabilité et le manque d’infrastructures.
Conclusion
Lutter contre l’épidémie ne suppose pas seulement une réponse médicale d’urgence, mais aussi des investissements massifs dans l’accès à l’eau potable, l’assainissement et la résilience communautaire. Faute de quoi, le choléra restera une menace permanente pour le Soudan du Sud.
