Sommet des BRICS – Lula appelle à ne pas « rester indifférent » face au « génocide » à Gaza

Johannesburg –
Le sommet 2025 des BRICS, tenu cette année à Johannesburg, a été marqué par une prise de position forte du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva sur le conflit israélo-palestinien. Dans un discours solennel, Lula a appelé la communauté internationale à « ne pas rester indifférente » face à ce qu’il qualifie de « génocide » à Gaza, exhortant les puissances émergentes à jouer un rôle plus actif dans la recherche d’une paix durable au Proche-Orient. Cette déclaration, saluée par certains et critiquée par d’autres, illustre la montée en puissance des BRICS comme acteurs diplomatiques sur la scène internationale et la complexité croissante des équilibres géopolitiques mondiaux.

Un sommet sous haute tension géopolitique

Réunis dans un contexte de tensions internationales exacerbées – guerre en Ukraine, rivalités sino-américaines, crise énergétique mondiale – les dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait de la question du Proche-Orient l’un des dossiers centraux de leurs discussions. Lula, qui a fait de la diplomatie multilatérale une priorité de son mandat, a prononcé un discours très attendu devant ses homologues, dénonçant « l’inaction coupable » des grandes puissances et appelant à une mobilisation collective pour mettre fin aux violences à Gaza.

« Nous ne pouvons pas détourner le regard face à la souffrance du peuple palestinien. Il est de notre devoir moral et politique d’agir pour la paix et la justice », a déclaré Lula, sous les applaudissements d’une partie de l’assemblée.

Les BRICS face au conflit israélo-palestinien : une voix alternative ?

Historiquement, les BRICS se sont positionnés comme un contrepoids au leadership occidental dans la gestion des crises internationales. Sur la question palestinienne, le groupe a souvent plaidé pour une solution à deux États et condamné les violences contre les civils. Mais l’appel de Lula à qualifier la situation à Gaza de « génocide » marque une escalade rhétorique et une volonté d’internationaliser le débat.

La Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont soutenu l’initiative brésilienne, tout en appelant à la retenue et à la reprise des négociations. L’Inde, traditionnellement plus prudente sur le dossier, a rappelé son attachement au droit international et à la souveraineté des États. L’Afrique du Sud, forte de son histoire de lutte contre l’apartheid, a réitéré son soutien au peuple palestinien et appelé à la levée du blocus de Gaza.

Les réactions internationales : entre soutien et crispations

La déclaration de Lula a immédiatement suscité des réactions contrastées. Les autorités palestiniennes ont salué « un geste de solidarité historique », tandis qu’Israël a dénoncé « une ingérence inacceptable » et rappelé son ambassadeur à Brasilia pour consultations. Les États-Unis et l’Union européenne, tout en reconnaissant la gravité de la situation humanitaire à Gaza, ont appelé à la prudence dans l’usage du terme « génocide », rappelant la nécessité d’une enquête internationale indépendante.

Les ONG humanitaires, présentes en marge du sommet, ont profité de la tribune offerte par les BRICS pour alerter sur l’urgence d’un cessez-le-feu et la protection des civils. Amnesty International et Human Rights Watch ont publié des rapports accablants sur les violations du droit international humanitaire dans la bande de Gaza, appelant à la saisine de la Cour pénale internationale.

Les enjeux pour la diplomatie des BRICS

L’intervention de Lula s’inscrit dans une stratégie plus large des BRICS visant à redéfinir les règles du jeu diplomatique mondial. En se posant en défenseurs des peuples opprimés et en promoteurs d’un nouvel ordre international, les BRICS cherchent à élargir leur influence auprès des pays du Sud global, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.

Cette posture comporte toutefois des risques : elle expose le groupe à des accusations de parti pris, complique ses relations avec Israël et ses alliés occidentaux, et met à l’épreuve la cohésion interne des BRICS, dont les membres n’ont pas toujours des positions convergentes sur les grands dossiers internationaux.

L’Afrique, terrain d’influence et de solidarité

Pour l’Afrique, le sommet de Johannesburg a été l’occasion de rappeler son engagement en faveur de la paix au Proche-Orient et de renforcer ses liens avec les BRICS. Plusieurs chefs d’État africains présents ont exprimé leur solidarité avec la cause palestinienne, tout en appelant à une approche équilibrée et inclusive du dialogue régional.

Le continent, confronté à ses propres défis sécuritaires et humanitaires, voit dans l’activisme diplomatique des BRICS une opportunité de diversifier ses partenariats et de peser davantage dans les grandes négociations internationales.

Perspectives : quelle suite pour la diplomatie des BRICS ?

L’appel de Lula à ne pas « rester indifférent » face au « génocide » à Gaza marque un tournant dans la diplomatie du groupe. Reste à savoir si cette prise de position se traduira par des initiatives concrètes : médiation, aide humanitaire, pression sur les parties en conflit ou plaidoyer au sein des instances multilatérales.

Pour les BRICS, l’enjeu est de transformer leur solidarité affichée en influence réelle sur le terrain, sans perdre de vue la nécessité d’un dialogue global et d’un respect du droit international.

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