Crise institutionnelle et tensions politiques à Mogadiscio
La Somalie a connu une nouvelle escalade de tensions politiques après des affrontements violents au sein de son Parlement, poussant l’armée à intervenir pour rétablir l’ordre dans la capitale, Mogadiscio. Cet épisode, survenu le 30 avril 2025, met en lumière la fragilité des institutions somaliennes et les défis persistants de la gouvernance démocratique dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
Affrontements entre députés et blocage politique
Les heurts ont éclaté lors d’une session parlementaire cruciale consacrée à la validation du nouveau gouvernement proposé par le Premier ministre. Plusieurs députés, issus de factions rivales, se sont affrontés physiquement, interrompant les débats et provoquant la suspension de la séance. Les causes profondes de cette crise résident dans la compétition féroce pour le contrôle des ressources, l’influence des clans et les rivalités entre le président Hassan Sheikh Mohamud et certains membres du Parlement.
La police et l’armée, déployées en urgence, ont sécurisé l’enceinte parlementaire et dispersé les manifestants. Aucun bilan officiel n’a été communiqué, mais des témoins évoquent plusieurs blessés et des arrestations parmi les manifestants et les députés les plus virulents. Cette intervention militaire, bien que saluée par une partie de la population soucieuse de stabilité, suscite l’inquiétude des observateurs internationaux quant au respect de la séparation des pouvoirs et des droits fondamentaux.
Impact sur la transition politique et la sécurité
La crise parlementaire survient à un moment critique pour la Somalie, engagée dans un processus de transition politique sous la supervision de l’Union africaine et de la communauté internationale. Les échéances électorales prévues pour la fin de l’année 2025 sont désormais menacées par l’instabilité institutionnelle et la montée des tensions entre les différentes branches du pouvoir.
Par ailleurs, l’insécurité persistante, alimentée par les attaques du groupe terroriste Al-Shabaab, complique la tâche du gouvernement pour organiser des élections crédibles et inclusives. Les bailleurs de fonds internationaux, dont l’Union européenne et les États-Unis, ont appelé au calme et à la reprise du dialogue politique, conditionnant leur soutien à des avancées concrètes en matière de gouvernance et de sécurité.
Appels au dialogue et aux réformes institutionnelles
Face à cette crise, la société civile somalienne et les partenaires internationaux insistent sur la nécessité de réformes institutionnelles profondes pour renforcer l’État de droit et garantir l’indépendance des institutions. La mise en place d’un mécanisme de médiation impliquant les leaders traditionnels, les représentants des clans et les organisations de la société civile est jugée essentielle pour restaurer la confiance et prévenir de nouveaux affrontements.
Les experts soulignent également l’importance de réformer le système électoral, de renforcer la transparence dans la gestion des ressources publiques et de lutter contre la corruption, fléau qui mine la stabilité politique et économique du pays.
Vers une sortie de crise ?
La résolution de la crise parlementaire dépendra de la volonté des acteurs politiques à privilégier l’intérêt national sur les ambitions personnelles et claniques. La Somalie, à la croisée des chemins, doit impérativement consolider ses institutions pour garantir la paix, la sécurité et le développement durable de ses citoyens.
