Le racisme dans le football n’est malheureusement pas un phénomène nouveau, mais l’actualité récente lui donne une résonance particulière en Afrique comme en Europe. La défenseuse internationale anglaise Jess Carter, cible d’insultes à caractère raciste lors des éliminatoires de l’Euro 2025, a reçu un élan de soutien massif sur le continent africain. Clubs, fédérations et personnalités sportives, mais aussi anonymes, ont transformé l’incident en mouvement global d’indignation et de solidarité, illustrant l’impact croissant de l’Afrique dans les débats sur l’éthique et l’inclusivité sportifs à l’échelle mondiale.
De l’offense à la mobilisation internationale
Tout commence après un match entre l’Angleterre féminine et la Slovaquie. Jess Carter, dont la mère est d’origine jamaïcaine, est la cible d’insultes racistes en ligne, relayées par des comptes anonymes et, dans certains cas, par des médias sportifs slovaques peu vigilants. Très vite, la situation sort du cadre européen. Des joueuses africaines comme Tabitha Chawinga (Malawi), Ajara Nchout (Cameroun), ou encore la Tunisienne Mariem Houij publient des messages de soutien. Les hashtags #WeStandWithJess et #RacismOutOfFootball envahissent Twitter et Instagram, relayés par des figures du football africain comme Didier Drogba ou Asisat Oshoala.
L’Afrique prend la parole
Ce soutien dépasse le strict terrain de la solidarité pour devenir, en quelques jours, le porte-voix des revendications d’égalité et de respect. La CAF (Confédération Africaine de Football) publie une déclaration sans ambiguïté contre toutes les formes de discrimination, rappelant la force du football comme levier d’unité. Certains clubs s’engagent à organiser des ateliers de sensibilisation, tandis que des présidents de fédérations demandent à la FIFA des sanctions exemplaires contre les fédérations nationales peu actives face au racisme.
Jess Carter, de son côté, remercie publiquement la communauté africaine : “Ce soutien venu du continent qui a forgé tant de champions m’a donné la force de me battre. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons faire du sport un espace sûr.”

Enjeux, résistances et dynamiques de transformation
Le phénomène prend une ampleur politique : le parlement kényan dénonce les ‘silences complices’ et la récente ligue professionnelle féminine sud-africaine lance une campagne de visibilité sur le racisme dans le football. Les experts notent la forte mobilisation de la jeunesse africaine, avec des vidéos virales dénonçant le racisme et réclamant l’intégration de modules sur les droits humains et la diversité dans les écoles sportives.
Pour les joueuses et joueurs issus de familles mixtes ou du continent africain, cette affaire rappelle la persistance de barrières invisibles en dehors des terrains : difficulté d’accès à certains clubs, amalgames identitaires dans le choix des sélections nationales, manque de représentativité aux postes de direction et dans l’arbitrage international.
Vers un changement systémique ?
Si l’affaire Jess Carter a soulevé l’indignation, elle a aussi permis de libérer la parole sur le racisme subit dans le football africain même : propos xénophobes lors des derbys maghrébins, insultes anti-africaines dans les stades du nord du continent, stigmatisation des minorités pygmées, ou encore discriminations de genre dans le football féminin.
Le défi pour l’Afrique est d’affirmer ses valeurs de tolérance et de solidarité, de renforcer les dispositifs éducatifs, de diversifier les élites sportives et d’oser l’export du modèle d’une “éthique du jeu” qui inspire l’Europe autant que les nouvelles générations africaines.
Le football reste fidèle à son image de miroir de la société — un miroir où la solidarité et la justice doivent triompher du racisme.