Introduction
Le 30 mai 2025, la justice sénégalaise a ordonné la mise en détention provisoire d’un ancien ministre du gouvernement de Macky Sall, accusé de détournement de fonds publics destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Cette affaire, qui ébranle la classe politique et suscite l’indignation de la société civile, relance le débat sur la transparence, la gestion des fonds d’urgence et la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest. Analyse d’un dossier explosif aux implications nationales et régionales.
Les faits : une enquête sur les fonds anti-Covid
Selon le parquet de Dakar, l’ancien ministre, dont le nom n’a pas été officiellement révélé pour préserver la présomption d’innocence, est soupçonné d’avoir détourné plus de 8 milliards de francs CFA (environ 13 millions d’euros) entre 2020 et 2022. Ces fonds, issus du Programme de résilience économique et sociale (PRES), étaient destinés à financer l’achat de matériel médical, les aides aux populations vulnérables et le soutien aux entreprises affectées par la pandémie.
L’enquête, déclenchée à la suite d’un rapport de la Cour des comptes et de révélations de la presse, a mis au jour des surfacturations, des marchés fictifs et des transferts suspects vers des comptes à l’étranger.
Un choc pour la classe politique
La mise en cause d’un proche de l’ancien président Macky Sall, qui a quitté le pouvoir en 2024 après deux mandats, fragilise l’image de l’exécutif sortant et alimente les accusations de mauvaise gestion. Les opposants dénoncent un « système de prédation » et réclament un audit complet de tous les fonds d’urgence débloqués pendant la crise sanitaire.
Le nouveau gouvernement, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye, promet de faire toute la lumière sur l’affaire et de poursuivre « tous les responsables, quel que soit leur rang ».

Les enjeux pour la transparence et la gouvernance
- Lutte contre la corruption : Le Sénégal, longtemps cité comme un modèle de stabilité démocratique, voit sa réputation entachée par des scandales à répétition. La société civile exige des poursuites exemplaires et la restitution des fonds détournés.
- Gestion des fonds d’urgence : La pandémie de Covid-19 a entraîné une augmentation massive des dépenses publiques, souvent sans contrôle suffisant. L’affaire met en lumière les failles des mécanismes de suivi et la nécessité de renforcer les institutions de contrôle.
- Confiance des bailleurs : Les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale et le FMI, conditionnent leur soutien à la transparence et à la bonne gouvernance. Un audit crédible est crucial pour maintenir l’aide et les investissements.
Réactions nationales et internationales
- Société civile : Les ONG, les syndicats et les associations de victimes saluent l’ouverture de l’enquête mais réclament la fin de l’impunité et la publication des noms des responsables.
- Partis politiques : L’opposition exige la mise en examen de tous les anciens ministres impliqués, tandis que les proches de Macky Sall dénoncent une « chasse aux sorcières » politique.
- Communauté internationale : Les bailleurs de fonds appellent à la transparence et à la coopération avec les organes de contrôle internationaux.
Les suites judiciaires
L’ancien ministre a été placé en détention provisoire à la prison de Rebeuss, en attendant son procès. D’autres responsables pourraient être entendus ou inculpés dans les prochaines semaines. Le gouvernement a annoncé la création d’une commission d’enquête indépendante et la saisie des avoirs suspects.
Les enjeux pour la démocratie sénégalaise
L’affaire intervient à un moment clé, alors que le Sénégal s’apprête à organiser des élections locales et nationales. La lutte contre la corruption est devenue un thème central du débat public, avec des attentes fortes en matière de justice et de reddition des comptes.
Conclusion
L’incarcération d’un ancien ministre pour détournement présumé de fonds anti-Covid marque un tournant pour la gouvernance au Sénégal. Entre exigence de transparence, pression populaire et enjeux internationaux, le pays doit prouver sa capacité à sanctionner les abus et à restaurer la confiance des citoyens et des partenaires.