Sao Tomé-et-Principe : le potentiel de la filière pêche face à la mondialisation

Introduction

Sao Tomé-et-Principe, petit archipel du golfe de Guinée, possède une zone économique exclusive riche en ressources halieutiques. Pourtant, la filière pêche peine à s’imposer comme moteur de développement économique. Dans un contexte de mondialisation accrue, comment ce pays peut-il valoriser durablement son potentiel marin ? Quels sont les défis à relever pour transformer la pêche en levier de croissance, tout en respectant les équilibres écologiques et sociaux ? Cet article propose une analyse approfondie des enjeux, des obstacles et des pistes d’avenir pour la pêche à Sao Tomé-et-Principe.

Un potentiel halieutique sous-exploité

La zone économique exclusive de Sao Tomé-et-Principe s’étend sur plus de 160 000 km², abritant une biodiversité marine exceptionnelle. Les eaux sont riches en thonidés, espadons, crevettes et autres espèces prisées sur les marchés internationaux. Malgré ce potentiel, la pêche demeure essentiellement artisanale, avec des moyens techniques limités et une faible capacité de transformation.

Les statistiques officielles montrent que la production annuelle reste modeste, oscillant autour de 5 000 tonnes, alors que le potentiel estimé dépasse largement ce chiffre. Cette sous-exploitation s’explique par le manque d’infrastructures portuaires modernes, l’insuffisance de la chaîne du froid et l’accès limité aux financements pour les pêcheurs locaux.

Les défis de la mondialisation

La mondialisation offre des opportunités, mais expose aussi la filière pêche à une concurrence féroce. Les accords de pêche signés avec l’Union européenne et d’autres acteurs internationaux permettent l’accès aux eaux santoméennes, mais les retombées économiques pour le pays restent limitées. Les redevances perçues sont souvent inférieures à la valeur réelle des captures, et les contrôles sur la pêche industrielle étrangère sont difficiles à mettre en œuvre.

Par ailleurs, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) constitue une menace majeure. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), jusqu’à 30% des prises pourraient échapper à tout contrôle, privant l’État de recettes fiscales et fragilisant la ressource.

Valorisation locale et développement durable

Pour transformer la pêche en véritable pilier économique, Sao Tomé-et-Principe doit investir dans la modernisation des infrastructures, la formation des pêcheurs et la création de filières de transformation locale. Le développement de conserveries, de fumoirs et de chaînes de froid permettrait de créer de la valeur ajoutée sur place et de stimuler l’emploi.

La gestion durable des ressources est également un impératif. L’instauration de quotas, la surveillance des zones de pêche et la promotion de techniques respectueuses de l’environnement sont essentielles pour préserver la biodiversité et garantir la pérennité de la filière.

Les enjeux sociaux et alimentaires

La pêche joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Elle fournit une source essentielle de protéines à la population et génère des revenus pour des milliers de familles. Toutefois, la vulnérabilité du secteur expose les pêcheurs aux aléas climatiques, à la volatilité des prix et à la concurrence des grandes flottilles étrangères.

Le renforcement des coopératives, l’accès au microcrédit et la diversification des activités (aquaculture, tourisme halieutique) constituent des pistes prometteuses pour améliorer la résilience des communautés côtières.

Perspectives et recommandations

Pour libérer le potentiel de la filière pêche, Sao Tomé-et-Principe doit adopter une stratégie intégrée, associant acteurs publics, privés et partenaires internationaux. Les priorités incluent :

  • La modernisation des ports et des équipements de pêche.
  • La lutte contre la pêche illégale grâce à une surveillance accrue et à la coopération régionale.
  • La promotion de la transformation locale et de l’exportation de produits à forte valeur ajoutée.
  • L’éducation et la formation des jeunes aux métiers de la mer.
  • L’intégration de la pêche dans les politiques de développement durable et de protection de l’environnement.

Conclusion

Sao Tomé-et-Principe dispose de tous les atouts pour faire de la pêche un levier de croissance inclusif et durable. À condition de relever les défis de la mondialisation, de renforcer la gouvernance du secteur et de miser sur l’innovation, l’archipel peut s’imposer comme un modèle de gestion responsable des ressources marines en Afrique centrale.

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