Sahel : Le sommet Russie-Sahel, une nouvelle ère d’alliances et d’influence en Afrique de l’Ouest
Bamako/Moscou, 23 avril 2025 –
Le sommet Russie-Sahel, organisé à Moscou, marque un tournant majeur dans la géopolitique africaine. Face à la montée de l’insécurité et à la redéfinition des alliances, la Russie s’impose désormais comme un acteur clé dans la région du Sahel. Pour les pays africains, ce rapprochement ouvre de nouvelles perspectives, mais suscite aussi des interrogations sur l’avenir de la sécurité et de la souveraineté régionale.
Contexte : un Sahel en crise
Depuis plusieurs années, le Sahel est le théâtre d’une crise multidimensionnelle : attaques djihadistes, coups d’État à répétition, effondrement des institutions, déplacements massifs de populations. Les interventions occidentales, notamment françaises, ont montré leurs limites, et la défiance envers les anciennes puissances coloniales s’est accentuée.
Dans ce contexte, la Russie, déjà présente en Centrafrique, au Mali et au Burkina Faso via des sociétés militaires privées comme Wagner, entend renforcer son influence en proposant une alternative aux modèles occidentaux.
Le sommet de Moscou : ambitions et engagements
Le sommet Russie-Sahel a réuni des délégations du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, autour du président Vladimir Poutine. Au menu : coopération militaire, soutien logistique, partage de renseignements, mais aussi investissements dans les secteurs minier, énergétique et agricole.
Pour Moscou, il s’agit de consolider ses positions stratégiques et de s’ériger en partenaire incontournable pour la sécurité régionale. Pour les pays sahéliens, ce partenariat est perçu comme une opportunité de diversifier les alliances, d’obtenir des équipements militaires modernes et de renforcer leur autonomie.
Une coopération militaire sous surveillance
L’un des points centraux du sommet a été la signature d’accords de défense et la livraison de matériel militaire. La Russie promet un appui technique, la formation des forces locales et la fourniture de drones et de systèmes de surveillance. Les autorités maliennes et burkinabè saluent cette coopération, qu’elles jugent plus « respectueuse de la souveraineté » que celle des partenaires occidentaux.
Mais cette présence accrue de la Russie inquiète aussi. Les ONG de défense des droits humains dénoncent le risque d’exactions, d’opacité et de dépendance accrue. Les États-Unis et l’Union européenne, de leur côté, mettent en garde contre une « instrumentalisation » du Sahel par Moscou.
Enjeux économiques et diplomatiques
Au-delà de la sécurité, la Russie cherche à investir dans les secteurs stratégiques du Sahel : mines d’or, uranium, pétrole, agriculture. Les accords signés lors du sommet prévoient des investissements directs, des transferts de technologies et des projets d’infrastructures. Pour les pays sahéliens, ces partenariats sont une bouffée d’oxygène, mais posent la question de la souveraineté économique et du partage équitable des ressources.
Réactions et perspectives régionales
Dans les capitales sahéliennes, l’opinion publique est partagée. Certains voient dans la Russie un allié capable de briser le monopole occidental et de soutenir la lutte contre le terrorisme. D’autres redoutent une nouvelle forme de dépendance et la multiplication des ingérences étrangères.
Pour les analystes, le sommet Russie-Sahel marque le début d’une recomposition des alliances en Afrique de l’Ouest. La région, longtemps sous influence française, s’ouvre à de nouveaux acteurs, dans un contexte de compétition mondiale exacerbée.
Conclusion
Le sommet Russie-Sahel symbolise l’entrée du Sahel dans une nouvelle ère géopolitique, où la diversification des alliances devient la règle. Entre espoirs de sécurité, enjeux économiques et risques de dépendance, les pays sahéliens devront naviguer avec prudence pour préserver leur souveraineté et garantir la stabilité de la région.
