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Ryanair met la pression sur les bagages surdimensionnés en cabine

par Africanova
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Au cœur de l’été, dans un contexte de reprise explosive du trafic aérien post-pandémie, Ryanair, première compagnie low cost européenne, vient de déclencher une nouvelle vague de controverses en durcissant sa politique de contrôle des bagages cabine. L’initiative, censée lutter contre les abus de certains voyageurs, divise clients et professionnels, relance le débat sur la personnalisation du service low cost et interroge sur l’avenir de la mobilité aérienne à l’heure de la massification du transport.

Une croisade contre les “grands bagages” : pourquoi maintenant ?

Depuis mai 2025, la compagnie irlandaise a mis en place un système inédit : tout personnel observant un bagage cabine dépassant les limites (40x20x25 cm) peut reporter l’infraction, entraînant un bonus à la clé pour l’équipage. Selon le PDG Michael O’Leary, “le respect scrupuleux des règles est indispensable pour garantir la ponctualité et l’équilibre économique de l’offre à bas coût”.

Du côté des usagers, le ton monte : #RyanairBagGate a enflammé les réseaux, certains accusant la compagnie d’inventer de nouveaux frais cachés et d’humilier les passagers en porte d’embarquement. “Ce n’est pas l’économie, c’est le racket !” s’emporte un voyageur sur X.

L’économie derrière la politique du bagage

Au-delà de la communication provocatrice, l’enjeu économique est colossal. Depuis la généralisation du “cabin luggage fee”, Ryanair augmente ses revenus annexes : chaque bagage hors gabarit génère des pénalités (15 à 35 € selon l’aéroport) et accélère l’embarquement, limitant les retards. L’entreprise affirme que la chasse à la fraude permet de “maintenir les prix bas pour la majorité honnête”.

Mais plusieurs associations de consommateurs dénoncent une stratégie de « mini-services » poussée à l’extrême, où chaque élément autrefois inclus (choix de siège, embarquement prioritaire, impression de carte, bagage …) devient une source de profit. “Au lieu du voyage démocratique, on vend un service dégradé et anxiogène,” analyse une spécialiste de l’aérien.

Marketer la rigueur : bonnes pratiques ou surenchère ?

Certains experts en management saluent pourtant la démarche, à condition qu’elle soit équitable. Ryanair a investi dans une communication pédagogique : vidéos expliquant les astuces pour ranger davantage, outils de mesure installés dans tous les aéroports, prises en main lors de la réservation. L’entreprise a aussi renforcé la formation de son personnel à la médiation, pour éviter scandales et débordements sur les réseaux sociaux.

Cependant, des incidents demeurent : passagers “blacklistés” pour abus répétés, familles séparées à l’entrée de l’avion, files d’attente retardées par des contrôles minutieux, tourisme de shopping fragilisé dans certains hubs européens, notamment à Londres et à Barcelone.

Une tendance mondiale : vers la facturation systématique ?

Au-delà de Ryanair, un mouvement général s’observe dans l’aviation mondiale : 80 % des low cost, mais aussi de plus en plus de compagnies traditionnelles, réduisent la taille autorisée des bagages cabine et monétisent tous les extras. Cette logique “à la carte” promet de faire baisser le prix facial, mais peut rapidement doubler le coût réel pour nombre de clients.

Dans le même temps, la mondialisation du voyage (tourisme de masse, mobilité étudiante, migration intra-européenne) rend le sujet explosif. En Afrique, où les transporteurs régionaux s’inspirent du modèle économique des géants low cost, la stratégie de la rigueur soulève elle aussi débats et résistances.

Vers une aviation “juste” ?

Le débat va désormais au-delà du port de bagages. Il interroge la durabilité du transport aérien : comment faire coexister mobilité populaire, contraintes environnementales et rentabilité économique ? Comment éviter la stigmatisation des familles nombreuses, des jeunes voyageurs ou des personnes à mobilité réduite, premières victimes d’une politique inflexible ?

Ryanair promet d’ajuster ses dispositifs, d’écouter ses clients et d’introduire des exceptions plus transparentes à condition d’identifier de véritables abus. La Commission européenne, elle, temporise, estimant que le marché saura “auto-réguler” la relation passager / compagnie.

Clients, droits et futur du low cost européen

Au final, le cas Ryanair dit beaucoup de l’avenir du low cost : modèle redoutable d’efficacité mais fragile sur le plan émotionnel, dominé par la guerre des prix et la digitalisation des services. Avec 100 millions de passagers annuels, l’entreprise façonne bien plus que l’offre de transport : elle structure attentes, colères, et débat public.

Pour les voyageurs africains et du Sud global, la leçon est claire : offrir la mobilité à tous est un défi constant, qui réclame inventivité, écoute et régulation, pour que le ciel reste, aussi, un lieu d’équité.

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