Introduction
Le 6 mai 2025, le Soudan a officiellement rompu ses relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis (EAU), désignant Abou Dhabi comme « État agresseur » dans le contexte d’un conflit qui ravage le pays depuis avril 2023. Cette décision, qui marque un tournant dans la guerre civile soudanaise, s’inscrit dans une dynamique régionale explosive où les ingérences extérieures et les rivalités géopolitiques exacerbent la crise humanitaire et sécuritaire.
Contexte historique et déclenchement du conflit
Depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019, le Soudan peine à établir une transition vers un régime civil. Les tensions entre l’armée régulière (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR) ont dégénéré en une guerre ouverte en avril 2023. Les désaccords sur la gouvernance, la répartition du pouvoir et la gestion des ressources naturelles ont alimenté un conflit qui a déjà fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
Les Émirats arabes unis, acteur clé et controversé
Les Émirats arabes unis sont accusés de soutenir activement les FSR, fournissant armes et financements, ce que le gouvernement soudanais considère comme une ingérence directe dans ses affaires internes. Abou Dhabi dément toute implication, mais des rapports des Nations unies et d’ONG internationales confirment l’existence d’un soutien logistique et militaire, notamment via le Tchad voisin.
Impacts régionaux et réactions internationales
La rupture diplomatique entre Khartoum et Abou Dhabi bouleverse les équilibres dans la Corne de l’Afrique. Le Tchad, allié des Émirats, voit sa propre stabilité menacée par l’afflux massif de réfugiés soudanais. L’Égypte, soutien traditionnel de l’armée soudanaise, s’inquiète d’un affaiblissement de son partenaire stratégique. L’Éthiopie, quant à elle, tente de rester neutre, redoutant une contagion du conflit à ses propres frontières

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Conséquences humanitaires
Le Soudan connaît la crise humanitaire la plus grave au monde en 2025, avec plus de 10 millions de personnes déplacées et des populations entières menacées par la famine. Les combats ont détruit les infrastructures de base, entravant l’acheminement de l’aide internationale. Les ONG alertent sur le risque d’effondrement total du système de santé et d’éducation.
Enjeux géopolitiques et économiques
La guerre soudanaise illustre la compétition féroce entre puissances régionales (Égypte, Émirats, Iran, Érythrée) pour le contrôle des routes commerciales et des ressources du bassin de la mer Rouge. Les enjeux pétroliers et miniers attisent les rivalités, tandis que les alliances fluctuantes compliquent toute perspective de paix durable.

Perspectives et pistes de résolution
Face à l’enlisement du conflit, la communauté internationale multiplie les appels à la négociation. L’Union africaine, l’ONU et les grandes puissances tentent de relancer un dialogue inclusif, mais la défiance entre les parties reste forte. La rupture avec les Émirats pourrait isoler davantage les FSR, mais risque aussi d’accentuer la fragmentation du pays810.
Conclusion
La rupture diplomatique entre le Soudan et les Émirats arabes unis est un symptôme de la complexité du conflit soudanais, où rivalités internes et ingérences extérieures se conjuguent pour alimenter une crise aux conséquences régionales et mondiales. Seule une approche multilatérale, associant acteurs locaux et partenaires internationaux, pourra ouvrir la voie à une sortie de crise durable.