Un tournage sous haute tension à Brighton
Le cinéma, miroir de la société, se trouve parfois au cœur de polémiques politiques et sociales. C’est ce qu’a vécu l’équipe d’un film international en tournage à Brighton, au Royaume-Uni, avec la star israélienne Gal Gadot. Cinq manifestants ont été arrêtés le 28 mai pour avoir perturbé le tournage, accusant la production et l’actrice de soutenir la politique israélienne. Cet incident met en lumière la montée des tensions autour de la question israélo-palestinienne en Europe et relance le débat sur la liberté d’expression et le droit de manifester.
Les faits : une manifestation ciblée et des interpellations
Depuis plusieurs jours, le tournage du film « Cleopatra », avec Gal Gadot dans le rôle-titre, se déroulait dans le centre-ville de Brighton. L’actrice, connue pour son engagement en faveur de l’armée israélienne, suscite régulièrement la controverse lors de ses déplacements à l’étranger. Le 28 mai, une trentaine de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés devant le plateau, brandissant des pancartes « Free Palestine », « No to Israeli Apartheid » et scandant des slogans hostiles à la production.
La police britannique est rapidement intervenue pour contenir la manifestation et garantir la sécurité de l’équipe du film. Cinq personnes ont été arrêtées pour harcèlement, entrave à l’accès à un lieu de travail et refus d’obtempérer. Les manifestants affirment avoir voulu « interpeller pacifiquement l’opinion publique » sur la situation à Gaza et dénoncer « la glorification d’une actrice engagée dans la propagande d’un État en guerre contre les Palestiniens ».
Un contexte de tensions internationales
Cet incident survient dans un climat de tensions accrues autour du conflit israélo-palestinien, marqué par la guerre à Gaza, les bombardements, les manifestations de soutien aux deux camps et une polarisation croissante dans les sociétés occidentales. Au Royaume-Uni, de nombreuses universités, institutions culturelles et entreprises sont régulièrement la cible de campagnes de boycott ou de manifestations liées à la politique israélienne.
Gal Gadot, ancienne Miss Israël et ex-soldate, est devenue une figure controversée : adulée par certains pour ses rôles dans « Wonder Woman » ou « Fast & Furious », critiquée par d’autres pour ses prises de position publiques et son soutien affiché à l’armée israélienne. Le choix de lui confier le rôle de Cléopâtre, figure historique égyptienne, avait déjà suscité des débats sur la représentation et l’appropriation culturelle.
Liberté d’expression ou trouble à l’ordre public ?
L’arrestation des manifestants relance le débat sur la liberté d’expression et le droit de manifester au Royaume-Uni. Les autorités locales défendent l’intervention policière, affirmant avoir agi pour garantir la sécurité de tous et empêcher des débordements. Les organisations de défense des droits civiques, elles, s’inquiètent d’une dérive vers la criminalisation des protestations pacifiques, dans un contexte où les lois sur l’ordre public ont été renforcées ces dernières années.
Pour Amnesty International, « le droit de manifester pacifiquement est un pilier de la démocratie britannique ». L’association appelle à la libération des personnes arrêtées et à l’ouverture d’un dialogue entre les parties.
Les réactions du monde du cinéma et de la société civile
L’équipe du film a exprimé sa « consternation » face à l’incident, tout en réaffirmant son engagement en faveur de la diversité et du respect des opinions. Gal Gadot, sur son compte Instagram, a appelé au « dialogue et à la paix », sans commenter directement les accusations portées contre elle.
De nombreux artistes et personnalités publiques ont pris position, certains dénonçant la « cancel culture » et la politisation de l’art, d’autres soutenant le droit des citoyens à interpeller les figures publiques sur leurs engagements politiques.
Un débat sur la représentation et la responsabilité
Au-delà de l’incident, l’affaire soulève des questions de fond sur la représentation des minorités au cinéma, la responsabilité des artistes et la place du politique dans la culture. Le choix de Gal Gadot pour incarner Cléopâtre, reine d’origine macédonienne mais symbole de l’Égypte antique, a été critiqué par des militants afro-égyptiens et des historiens, qui y voient une forme d’effacement des identités africaines.
Le débat sur l’appropriation culturelle, la diversité à l’écran et la responsabilité sociale des productions hollywoodiennes est plus vif que jamais, dans un contexte où le cinéma mondial cherche à se réinventer et à répondre aux attentes d’un public de plus en plus engagé.
Les perspectives : vers une culture du dialogue ?
L’incident de Brighton montre à quel point le cinéma, loin d’être un simple divertissement, est devenu un terrain de luttes symboliques et politiques. Les professionnels du secteur appellent à la construction de ponts entre les cultures, au respect des différences et à la promotion d’un dialogue apaisé.
Pour les experts, il est urgent de repenser les modes de production, de casting et de communication autour des œuvres, afin d’éviter les polémiques stériles et de valoriser la diversité réelle des talents et des histoires.
Conclusion : cinéma, politique et société, un trio inséparable L’arrestation de manifestants lors du tournage d’un film avec Gal Gadot à Brighton rappelle que l’art et la culture ne sont jamais neutres. À l’heure des réseaux sociaux et des mobilisations mondiales, chaque choix artistique peut devenir un acte politique. Le défi, pour le cinéma comme pour la société, sera de préserver la liberté d’expression tout en respectant la diversité et la sensibilité de chacun
