Malgré une baisse générale des cas de Mpox (monkeypox) dans plusieurs régions du monde, l’Afrique reste confrontée à un risque persistant de transmission communautaire du virus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment lancé une alerte soulignant la nécessité d’intensifier la surveillance sanitaire et les mesures de prévention sur le continent, où les infrastructures de santé demeurent fragiles et où la sensibilisation reste insuffisante.
Le Mpox, virus apparenté à la variole, est endémique dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Depuis 2022, une résurgence inquiétante a été observée dans des zones rurales et périurbaines, notamment en République démocratique du Congo, au Nigeria, au Cameroun et en République centrafricaine. Cette résurgence est attribuée à plusieurs facteurs, dont la déforestation, l’urbanisation rapide et les mouvements de population, qui favorisent le contact entre l’homme et les réservoirs animaux du virus.
Les symptômes du Mpox sont similaires à ceux de la variole mais généralement moins sévères : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, puis apparition de lésions cutanées caractéristiques. Cependant, la maladie peut entraîner des complications graves, notamment chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. Le taux de mortalité varie selon les souches, atteignant parfois jusqu’à 10% dans certaines régions.
L’OMS a mis en garde contre une possible transmission communautaire accrue, c’est-à-dire une propagation du virus au sein des populations sans lien direct avec un cas importé ou un contact animal identifié. Cette situation complique la détection précoce et la gestion des foyers épidémiques, en particulier dans les zones où les systèmes de santé sont sous-équipés.
Les campagnes de vaccination contre la variole, qui offraient une protection croisée contre le Mpox, ont cessé dans les années 1980, laissant une large partie de la population vulnérable. Depuis, la population jeune, non vaccinée, constitue un réservoir potentiel pour la propagation du virus. Par ailleurs, la stigmatisation liée à la maladie freine l’accès aux soins et la déclaration des cas.
Face à cette situation, plusieurs pays africains ont renforcé leurs capacités de surveillance épidémiologique. L’Africa Centres for Disease Control and Prevention (Africa CDC) coordonne les efforts régionaux, notamment par la mise en place de laboratoires mobiles, la formation des agents de santé et la sensibilisation communautaire. Des partenariats avec l’OMS et d’autres agences internationales permettent également de mobiliser des ressources pour la vaccination ciblée des populations à risque.
Toutefois, les défis restent nombreux. Le financement des programmes de lutte contre le Mpox est insuffisant, et la concurrence avec d’autres priorités sanitaires, comme la lutte contre le paludisme, le VIH ou la COVID-19, limite la mobilisation des ressources humaines et logistiques. De plus, la méfiance envers les autorités sanitaires et les fausses informations circulant sur les réseaux sociaux entravent les campagnes de prévention.
La recherche scientifique s’intensifie pour mieux comprendre les modes de transmission, la durée d’immunité post-infection et l’efficacité des vaccins disponibles. Plusieurs essais cliniques sont en cours pour évaluer de nouveaux vaccins et traitements antiviraux spécifiques au Mpox. Ces avancées pourraient transformer la gestion de la maladie à moyen terme.
L’impact socio-économique de la résurgence du Mpox est également préoccupant. Dans les zones touchées, les restrictions sanitaires et la peur de la contagion affectent les activités économiques, notamment le commerce local et l’agriculture. Les écoles ferment temporairement, et les déplacements sont limités, aggravant la précarité des populations vulnérables.
Pour renforcer la lutte contre le Mpox, les experts recommandent une approche multisectorielle intégrant la santé publique, la protection de l’environnement, l’éducation et la communication. La collaboration transfrontalière est essentielle pour contrôler les foyers épidémiques dans des régions souvent marquées par des frontières poreuses et des mouvements migratoires importants.
En résumé, le Mpox demeure une menace sanitaire majeure en Afrique, nécessitant une vigilance accrue, un renforcement des systèmes de santé et une mobilisation internationale soutenue. La prévention, la détection rapide et la prise en charge adéquate des cas sont les clés pour éviter une propagation incontrôlée et protéger les populations africaines.