Introduction
Le 29 mai 2025, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) a ouvert des procédures disciplinaires contre deux de ses membres les plus en vue : Constant Mutamba, député et leader du parti Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo (NOGEC), et Nicolas Kazadi, ministre des Finances et député. Ces procédures, qui interviennent dans un contexte de tensions politiques et de débats sur la transparence et la gouvernance, suscitent de vives réactions dans la classe politique et la société civile. Décryptage d’une affaire symptomatique des enjeux institutionnels en RDC.
Les faits : des accusations lourdes
- Constant Mutamba est accusé d’« incitation à la haine » et de « propos séditieux » après des déclarations publiques critiquant la gestion de la crise sécuritaire à l’est du pays et appelant à la mobilisation contre certaines décisions du gouvernement.
- Nicolas Kazadi, ministre des Finances, est visé par une motion pour « gestion opaque des fonds publics », notamment dans le cadre des contrats miniers et des dépenses liées à la riposte contre l’insécurité.
Les deux hommes nient toute malversation ou comportement répréhensible, dénonçant une « chasse aux sorcières » orchestrée par leurs adversaires politiques.
Un contexte de crispation politique

La RDC traverse une période de fortes tensions, à la veille d’élections cruciales et dans un climat de défiance envers les institutions. Les débats sur la gouvernance, la lutte contre la corruption et la gestion des ressources naturelles alimentent les clivages au sein de la majorité et de l’opposition.
L’Assemblée nationale, souvent accusée de complaisance ou de paralysie, cherche à afficher sa fermeté et son indépendance, mais risque d’être instrumentalisée à des fins politiques.
Les enjeux pour la démocratie et la gouvernance
- Transparence et redevabilité : Les procédures contre Mutamba et Kazadi sont perçues comme un test pour la capacité du Parlement à contrôler l’exécutif et à sanctionner les abus, quelle que soit la position des mis en cause.
- Liberté d’expression : La société civile craint que l’affaire Mutamba ne soit utilisée pour museler les voix critiques et restreindre le débat démocratique.
- Gestion des ressources : Le cas Kazadi relance le débat sur la transparence dans la gestion des contrats miniers, un enjeu central pour le développement du pays.
Réactions et perspectives
- Partis politiques : La majorité présidentielle appelle au respect des procédures, tandis que l’opposition dénonce un « acharnement sélectif ».
- Société civile : Les ONG réclament une enquête indépendante et la publication des rapports d’audit sur les finances publiques.
- Communauté internationale : Les partenaires de la RDC, notamment la Banque mondiale et l’Union européenne, suivent de près l’évolution du dossier, conditionnant leur soutien à la bonne gouvernance.
Les suites possibles
Les commissions parlementaires doivent entendre les deux députés et rendre leurs conclusions dans les prochaines semaines. Selon l’issue, Mutamba et Kazadi pourraient être suspendus, voire déchus de leur mandat, ou au contraire blanchis par leurs pairs.
Conclusion
Les procédures engagées contre Constant Mutamba et Nicolas Kazadi à l’Assemblée nationale congolaise illustrent les défis de la démocratie et de la gouvernance en RDC. Entre exigence de transparence, respect des droits et luttes de pouvoir, l’issue du dossier sera scrutée comme un baromètre de la vitalité institutionnelle du pays.