À Doha, les négociations pour la paix en RDC butent sur la délicate question des prisonniers, marquant une nouvelle étape difficile dans un conflit qui perdure depuis des décennies.
Doha, 4 septembre 2025 – Alors que les négociations de paix autour de la République démocratique du Congo (RDC) se poursuivent dans la capitale qatari, une épineuse question continue d’entraver l’avancée des discussions : la libération des prisonniers détenus par les différentes parties au conflit. Ce sujet, complexe et hautement symbolique, cristallise les tensions entre le gouvernement congolais et l’Alliance fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), principal groupe rebelle actif dans l’est du pays.
Le conflit qui ravage l’est de la RDC depuis plus de vingt ans est nourri par des revendications territoriales, ethniques et économiques, impliquant une multitude d’acteurs locaux, régionaux et internationaux. Les pourparlers initiés à Doha, sous médiation qatarie, représentent sans doute la dernière tentative diplomatique majeure en date pour mettre un terme à cette guerre larvée qui a causé la mort de centaines de milliers de civils.
L’un des points de blocage majeurs concerne la libération des prisonniers politiques et militaires, revendiquée comme préalable par l’AFC/M23. Ce groupe souhaite la remise en liberté de plusieurs centaines de détenus, certains jouant un rôle clé dans leurs structures de commandement ou considérés comme des symboles de résistance. Le gouvernement congolais, cependant, s’oppose à cette exigence, la percevant comme une menace à la sécurité et une reconnaissance tacite des groupes armés.
Malgré une déclaration de principes signée fin juillet à Doha, prévoyant un cessez-le-feu et une feuille de route pour la paix, la réalité sur le terrain reste volatile. Les affrontements continuent notamment dans la province du Sud-Kivu, où les deux camps s’accusent mutuellement de provocations et de violations répétées. Les observateurs internationaux soulignent l’ambiguïté des engagements et la méfiance qui persiste entre les parties, rendant fragile tout espoir d’une paix durable.
La médiation qatarie, épaulée par les États-Unis et l’Union africaine, tente de trouver un compromis, proposant notamment des mécanismes de supervision et des mesures de confiance telles que des libérations progressives et contrôlées, sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge. Mais ces efforts butent sur l’intransigeance de certains acteurs et les enjeux stratégiques liés au contrôle du territoire et des ressources naturelles.

Cette situation illustre plus largement les défis de la justice transitionnelle dans les contextes de conflits prolongés. Comment concilier les impératifs de paix avec les exigences de justice et de sécurité ? Le sort des prisonniers devient un enjeu qui dépasse les simples négociations militaires ou politiques : c’est la reconstruction de l’État, le respect des droits humains et l’avenir d’une nation entière qui sont en jeu.
Au-delà de la RDC, ce blocage interroge la communauté internationale sur l’efficacité des médiations et sur les outils à développer pour gérer les conflits complexes. Plus généralement, il questionne la manière dont les négociations peuvent intégrer les réalités du terrain et les aspirations légitimes des populations fragilisées.
Quelle sortie de crise possible lorsque la libération des prisonniers reste un tabou ? La paix en RDC saurait-elle se construire sans concessions majeures sur ce volet ? L’enjeu dépasse la seule scène locale pour inviter à une réflexion profonde sur les méthodes de résolution des conflits en Afrique et dans le monde.