La République démocratique du Congo (RDC) replonge dans une spirale de violences. Dans la province du Nord-Kivu, les Forces armées de la RDC (FARDC) affrontent depuis plusieurs semaines une coalition de groupes armés, dont le M23, accusé de bénéficier d’un soutien extérieur. Ces affrontements rappellent la fragilité chronique de l’est congolais, malgré des décennies de médiations et d’interventions internationales.
Une région sous tension permanente
Le Nord-Kivu demeure l’un des épicentres de la violence en Afrique centrale. Plus de 120 groupes armés y sévissent, motivés par des rivalités ethniques, le contrôle minier ou des alliances régionale. Les dernières semaines ont vu une intensification des combats autour de Goma et Rutshuru, où des milliers de civils fuient les zones touchées.
Selon les ONG locales, plus de 200.000 personnes ont déjà été déplacées depuis août, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique. Les camps de déplacés débordent et les organisations humanitaires alertent sur un risque de famine.
L’armée congolaise face à ses limites
Les FARDC, malgré de récents renforts, peinent à sécuriser le territoire. Mal équipées, parfois minées par la corruption et des problèmes logistiques, elles font face à des mouvements rebelles beaucoup plus mobiles et bénéficiant d’un financement via l’exploitation illégale de l’or et du coltan.
Le M23, principal mouvement visé par ces offensives, est accusé par Kinshasa de recevoir un appui militaire du Rwanda, ce que Kigali dément catégoriquement. Cette tension diplomatique fragilise davantage la région.
Pressions régionales et internationales
L’Union africaine et la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) tentent de relancer des médiations, sans grand succès. La MONUSCO, mission onusienne de maintien de la paix, voit son mandat contesté : accusée de passivité, elle est la cible de manifestations populaires à Goma demandant son départ.
Washington et Bruxelles exhortent le Rwanda et l’Ouganda à ne pas alimenter le conflit. Les chancelleries internationales craignent une régionalisation accrue si les affrontements franchissent les frontières.

Une exploitation illégale des ressources au cœur du conflit
Comme souvent en RDC, les minerais stratégiques (coltan, cobalt, or) sont au cœur des luttes. Les groupes armés utilisent la contrebande pour financer leurs opérations, maintenant un cycle de violence auto-entretenu. Des multinationales occidentales sont régulièrement accusées de fermer les yeux sur la traçabilité de leurs approvisionnements.
Un avenir incertain pour les civils
Le gouvernement congolais tente de rassurer la population en annonçant une “grande opération de pacification”, mais les expériences passées laissent sceptiques. Tant que la réforme structurelle de l’armée ne sera pas menée et que les circuits financiers des groupes armés ne seront pas coupés, la région risque de demeurer un foyer de conflits permanents.
La RDC, pays aux ressources colossales, reste ainsi prisonnière de la malédiction de ses richesses.