La ville de Goma, capitale du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), traverse une crise sécuritaire aiguë marquée par une recrudescence du banditisme et de la criminalité urbaine. Cette situation, qui s’inscrit dans un contexte de conflits armés persistants et de fragilité institutionnelle, met en péril la vie quotidienne des habitants et soulève de graves questions sur la gouvernance locale, la protection des civils et les perspectives de développement urbain dans une région stratégique de l’Afrique centrale.
Un climat d’insécurité généralisée
Depuis le début de l’année 2025, Goma fait face à une vague d’attaques armées, de vols à main armée, d’enlèvements et d’agressions nocturnes. Les quartiers périphériques, mais aussi le centre-ville, ne sont plus épargnés. Les témoignages des habitants font état de braquages récurrents, de cambriolages violents et d’une présence accrue de groupes criminels organisés, souvent armés et opérant en toute impunité. Cette insécurité a un impact direct sur la vie sociale et économique : les commerces ferment plus tôt, les déplacements sont limités et la peur s’installe dans tous les foyers.
Facteurs aggravants et responsabilités
Plusieurs facteurs expliquent la montée du banditisme à Goma. D’abord, la proximité des zones de conflit où opèrent des groupes armés rebelles, notamment le M23 et diverses milices locales, favorise la circulation des armes et l’instabilité. Ensuite, la faiblesse des forces de police, souvent sous-équipées et mal rémunérées, limite leur capacité à assurer la sécurité publique. À cela s’ajoutent la pauvreté endémique, le chômage massif des jeunes et la corruption qui gangrène les institutions locales.
Les autorités provinciales, sous pression, ont annoncé des mesures d’urgence : patrouilles renforcées, couvre-feu partiel, campagnes de sensibilisation et appels à la collaboration citoyenne. Cependant, ces initiatives peinent à rassurer la population, qui dénonce l’inefficacité des dispositifs de sécurité et la collusion présumée de certains agents avec les réseaux criminels.

Impact sur la société et l’économie locale
La montée de l’insécurité à Goma a des conséquences dramatiques pour la société civile. Les écoles et les universités enregistrent une baisse de fréquentation, les marchés sont désertés et les activités culturelles sont suspendues. Les ONG locales, actives dans l’aide humanitaire et la défense des droits humains, alertent sur la vulnérabilité accrue des femmes et des enfants, premières victimes des violences urbaines.
Sur le plan économique, la criminalité freine les investissements et aggrave la précarité. Les entrepreneurs locaux hésitent à développer leurs activités, tandis que les opérateurs étrangers revoient à la baisse leurs engagements dans la région. Le secteur du tourisme, autrefois dynamique grâce à la proximité du parc national des Virunga, est aujourd’hui en chute libre.
Appels à la réforme et à la mobilisation citoyenne
Face à cette crise, la société civile congolaise multiplie les initiatives pour exiger des réformes structurelles. Des associations de jeunes organisent des marches pacifiques, des forums de dialogue et des campagnes de dénonciation sur les réseaux sociaux. Les leaders religieux et traditionnels appellent à la cohésion sociale et à la vigilance communautaire. Les experts recommandent une refonte en profondeur des politiques de sécurité urbaine, une meilleure formation des forces de l’ordre et une lutte sans relâche contre la corruption.
Conclusion
Le banditisme à Goma est le symptôme d’une crise plus large qui touche l’ensemble du Nord-Kivu et, au-delà, la RDC. La réponse à cette insécurité doit être globale, associant réforme institutionnelle, développement économique et mobilisation citoyenne. Seule une action concertée permettra de restaurer la confiance, de protéger les populations et de donner à Goma les moyens de son développement.