Introduction
Le 19 juillet 2025, un accord de principe a été signé à Doha entre les représentants du mouvement M23/AFC et le gouvernement congolais. Cette annonce, saluée par les médiateurs qataris et la communauté internationale, fait renaître l’espoir dans une région longtemps ravagée par la guerre, les déplacements massifs de populations et les violences systématiques. Mais au-delà des déclarations officielles, la question demeure : cette trêve annoncée a-t-elle une chance réelle de déboucher sur une paix durable ? Le retrait du M23 est-il sincèrement engagé ? Quels risques et défis restent à surmonter ?
Le contexte d’un accord fragile
Depuis plus de trois ans, la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, vit au rythme des affrontements entre le mouvement rebelle M23, soutenu en sous-main par des puissances régionales, et les Forces armées congolaises (FARDC), constamment accusées d’exactions elles aussi. Plus d’un million de déplacés, des centaines de morts, des villages détruits, des violences sexuelles… La région paie au prix fort l’incapacité politique morale et militaire à stabiliser l’est du pays.
Le processus de Doha s’inscrit dans une dynamique diplomatique relancée par le Qatar, l’UA et la CIRGL, appuyée par des pressions onusiennes et le regard intéressé du Rwanda et de l’Ouganda voisins.
Les termes de l’accord
L’accord engage formellement les deux parties à :
- Un cessez-le-feu immédiat et valable sur tout le territoire du Nord-Kivu, sous garantie internationale ;
- Le retrait progressif et vérifiable des troupes du M23/AFC de l’ensemble des localités occupées ;
- L’accès sans entrave de l’aide humanitaire, la libération des prisonniers de guerre, l’engagement à la fin des recrutements d’enfants soldats ;
- L’ouverture d’un dialogue politique et économique pour la réintégration des combattants et la reconstruction de la région.
Étape ou simple pause ? Les raisons du doute
Si la population aspire massivement à la paix, beaucoup d’acteurs restent sceptiques :
- Absence de mécanismes indépendants de vérification : Aucun contingent international n’a été véritablement déployé pour garantir le respect des clauses.
- Fragilité de la chaîne de commandement des groupes rebelles, soumis à des jeux d’alliance changeants (et parfois à la mainmise de trafiquants locaux).
- Rôle ambigu du Rwanda et de l’Ouganda : Si Kigali a officiellement apporté son soutien à la trêve, de nombreux témoins attestent de mouvements transfrontaliers persistants.
Les voix de la société congolaise
Différents groupes de la société civile (églises, syndicats, représentants de déplacés) saluent l’accord mais insistent sur les conditions :

- Désarmement effectif ;
- Inclusion des victimes dans les processus de justice transitionnelle ;
- Redémarrage économique et retour de l’administration civile dans les zones libérées.
Des ONG internationales réclament aussi un suivi strict des violences sexuelles et du sort réservé aux enfants soldats.
Premiers signes sur le terrain
Au 23 juillet, une accalmie nette est observée à Goma et dans plusieurs localités. Les autorités promettent le retour progressif de l’aide humanitaire, déjà entravée ces derniers mois. Mais plusieurs embuscades dans le Masisi et le Rutshuru montrent que la trêve reste fragile et que la circulation d’armes et de groupes armés indépendants entrave la pacification.
Conclusion
L’accord de Doha constitue une étape indispensable pour la paix en RDC, mais ne cohérera que par la restauration d’une confiance, la vigilance internationale et l’implication réelle de la société congolaise. La région attend plus que jamais une paix durable, inclusive et dotée de garanties sérieuses.