Le 16 mai 2025, le tribunal fédéral de Buffalo (États-Unis) a condamné Hadi Matar, l’agresseur de Salman Rushdie, à 25 ans de prison pour « acte de terrorisme au nom du Hezbollah » et tentative de meurtre. Ce verdict, très attendu, clôt un procès au retentissement mondial, qui a ravivé le débat sur la liberté d’expression, la sécurité des écrivains menacés et la lutte contre l’extrémisme religieux. Retour sur une affaire emblématique et ses répercussions pour la littérature, la justice et la société internationale.
Les faits : une attaque contre la liberté
Le 12 août 2022, Salman Rushdie, écrivain britannique d’origine indienne, auteur des « Versets sataniques », est violemment agressé alors qu’il s’apprête à donner une conférence dans l’État de New York. L’attaque, perpétrée par Hadi Matar, Américano-Libanais de 24 ans, est rapidement revendiquée comme un acte de vengeance au nom de la fatwa lancée en 1989 par l’ayatollah Khomeini contre Rushdie, accusé de blasphème.
Grièvement blessé à l’œil et au bras, Rushdie survit à l’attaque, mais reste marqué à vie. L’affaire suscite une vague d’indignation mondiale, des manifestations de soutien et un débat sur la protection des auteurs menacés par les extrémismes.
Un procès sous haute tension
Le procès de Hadi Matar s’est tenu sous très haute sécurité à Buffalo, mobilisant des experts en terrorisme, des témoins internationaux et des représentants des associations de défense des droits humains. L’accusation a démontré la préméditation de l’attaque, les liens idéologiques de Matar avec le Hezbollah et l’impact de la propagande extrémiste sur les réseaux sociaux.
La défense a tenté de plaider la manipulation, l’isolement psychologique et l’absence de lien direct avec une organisation terroriste. Mais le jury a retenu la gravité des faits, la portée symbolique de l’attaque et la nécessité d’un message fort contre l’intimidation des intellectuels.
Un verdict salué par la communauté internationale
La condamnation de Matar à 25 ans de prison a été saluée par la communauté littéraire, les ONG de défense de la liberté d’expression et de nombreux gouvernements. Salman Rushdie, dans un communiqué, a remercié ses soutiens et rappelé que « la liberté de penser, d’écrire et de créer est un droit fondamental, qui ne doit jamais céder devant la violence ».
Les associations PEN International, Reporters sans frontières et Human Rights Watch ont appelé à renforcer la protection des écrivains, à lutter contre la censure et à promouvoir le dialogue interculturel.
Les enjeux pour la liberté d’expression
Le procès Rushdie/Matar dépasse le cadre judiciaire : il pose la question de la sécurité des auteurs, journalistes, artistes et intellectuels menacés dans le monde entier. Depuis 2020, les attaques contre la liberté d’expression se sont multipliées, portées par les extrémismes religieux, les régimes autoritaires et la montée des discours de haine en ligne.
L’affaire met aussi en lumière la responsabilité des États, des plateformes numériques et des institutions éducatives dans la prévention de la radicalisation, la protection des minorités et la promotion d’une culture du débat.
Répercussions pour la littérature et la société
Le courage de Salman Rushdie, qui a poursuivi son œuvre malgré les menaces, inspire une nouvelle génération d’écrivains et de créateurs. Son histoire rappelle que la littérature peut être un acte de résistance, un espace de dialogue et un vecteur de transformation sociale.
Le verdict contre Hadi Matar marque un tournant : il affirme que la justice peut protéger la liberté d’expression, même face à la violence extrême. Mais il rappelle aussi la fragilité de ce droit, qui doit être défendu sans relâche, en Afrique comme ailleurs.
Conclusion
Le procès Salman Rushdie/Hadi Matar est un symbole de la lutte pour la liberté d’expression au XXIe siècle. Il appelle à la vigilance, à la solidarité et à l’engagement de tous les acteurs – écrivains, citoyens, institutions – pour que la parole, la création et la pensée demeurent libres.
