La Zambie vit l’un des tournants majeurs de son histoire industrielle. Début juillet, la Chine a officiellement livré à Lusaka une flotte de camions miniers 100 % électriques – une première sur le continent africain, saluée comme une avancée décisive vers la transition énergétique et la modernisation du secteur extractif.
Un partenariat stratégique
Producteur historique de cuivre, la Zambie entretient depuis deux décennies des relations économiques bilatérales étroites avec la Chine, premier investisseur du pays. L’arrivée de ces véhicules nouvelle génération répond à deux impératifs : la montée des coûts énergétiques et la pression internationale pour “verdir” la production minière, symbole de pollution tant locale que globale.
Ces camions, développés par la firme chinoise XCMG, représentent une vitrine technologique : consommation réduite, zéro émission directe, maintenance facilitée. Les autorités zambiennes y voient l’opportunité de repositionner le pays sur la carte mondiale d’un “capitalisme vert”.
Enjeux économiques et sociaux
Le gouvernement ambitionne, grâce à ce partenariat, de stimuler une nouvelle vague d’emplois dans le secteur des services liés aux énergies renouvelables, tout en renforçant l’attractivité de la Zambie auprès des investisseurs internationaux. Mais certains syndicats réclament déjà des garanties : quel impact pour l’emploi local face à l’automatisation ? Les compagnies chinoises s’engagent à former des techniciens locaux, mais les doutes persistent.
Du côté des populations riveraines des mines, la pollution de l’air et des sols reste une préoccupation majeure. Les autorités assurent que l’usage de camions électriques atténuera les émissions de gaz toxiques et les nuisances sonores, améliorant la santé des habitants des régions minières.

Une dynamique régionale ?
L’innovation zambienne fait tache d’huile. Le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud observent avec intérêt. L’Union africaine salue un “pas historique vers la décarbonation industrielle”. D’autres projets pilotes pourraient voir le jour, notamment autour des carrières de lithium et de cobalt.
L’ambivalence d’une dépendance
Ce virage suscite une interrogation stratégique : la Zambie ne risque-t-elle pas une dépendance technologique accrue vis-à-vis de Pékin ? Certains économistes plaident pour un transfert de savoir-faire et la création d’équipements produits localement, condition d’une souveraineté durable face à la nouvelle donne écologique mondiale.
Vers une Afrique minière verte ?
La flotte électrique de Lusaka pourrait marquer le début d’une ère nouvelle. En conjuguant transition écologique, innovation industrielle et ambition souverainiste, la Zambie entend s’imposer en modèle régional. Le défi sera d’ancrer ces transformations dans une logique inclusive, au bénéfice des populations locales.