Introduction
Le 29 mai 2025, le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a officiellement reconduit Luís Montenegro au poste de Premier ministre, à l’issue d’élections législatives anticipées marquées par une forte participation et une recomposition du paysage politique. Cette reconduction, saluée par les milieux économiques et les partenaires européens, intervient dans un contexte de défis majeurs pour le Portugal : inflation persistante, crise du logement, transition énergétique, et montée des populismes. Analyse d’un nouveau mandat sous haute surveillance, entre attentes sociales et ambitions européennes.
Un scrutin sous tension
Les élections législatives de mai 2025 ont été déclenchées après la démission surprise du précédent gouvernement minoritaire, fragilisé par des scandales de corruption et des tensions internes. Luís Montenegro, leader du Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), a su capitaliser sur l’usure du pouvoir socialiste et la lassitude d’une partie de l’électorat face à la stagnation économique.
La campagne a été dominée par les thèmes du pouvoir d’achat, de la fiscalité, de la santé et de la sécurité, mais aussi par la question européenne et la gestion des fonds du plan de relance post-Covid.
Résultats et coalition
Le PSD, allié à de petits partis du centre, a remporté 37 % des voix, devançant le Parti socialiste (PS) et la coalition de gauche. Si la majorité absolue n’a pas été atteinte, un accord de gouvernement a été trouvé avec le Parti populaire (CDS-PP) et le parti écologiste PAN, garantissant une stabilité parlementaire.
La percée du parti d’extrême droite Chega (12 % des voix) a toutefois rappelé la montée des populismes et la nécessité pour le nouveau Premier ministre de composer avec une opposition plus radicale et une société fragmentée.
Les priorités du nouveau gouvernement
- Lutte contre l’inflation et soutien au pouvoir d’achat : Montenegro a promis des mesures ciblées pour contenir la hausse des prix, notamment sur l’énergie et l’alimentation, et pour revaloriser les salaires des fonctionnaires.
- Crise du logement : Un plan d’investissement massif dans la construction de logements sociaux et la régulation du marché locatif est annoncé pour répondre à la pénurie et à la flambée des loyers, en particulier à Lisbonne et Porto.
- Transition énergétique : Le gouvernement veut accélérer le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène vert) et réduire la dépendance au gaz importé, tout en respectant les objectifs climatiques européens.
- Réforme de la santé et de l’éducation : Des investissements sont prévus pour moderniser les hôpitaux, réduire les listes d’attente et renforcer la formation professionnelle.

Défis et attentes
- Économie : La croissance reste modérée (1,4 % prévue en 2025), avec un chômage en légère hausse et une dette publique élevée. Les milieux d’affaires attendent une simplification administrative et une baisse de la fiscalité sur les PME.
- Cohésion sociale : Les inégalités régionales et la précarité des jeunes et des retraités alimentent la défiance envers les élites.
- Europe : Le Portugal veut jouer un rôle moteur dans la réforme de l’Union européenne, la politique migratoire et la défense commune, tout en profitant des fonds européens pour moderniser son économie.
Réactions nationales et internationales
- Syndicats et ONG : Ils appellent à des mesures sociales ambitieuses et à la défense des droits des travailleurs.
- Union européenne : Bruxelles salue la stabilité retrouvée et encourage Lisbonne à poursuivre les réformes structurelles.
- Marchés financiers : La reconduction de Montenegro rassure les investisseurs, mais la vigilance reste de mise sur la gestion budgétaire.
Conclusion
La reconduction de Luís Montenegro à la tête du Portugal ouvre un nouveau cycle politique, entre promesses de modernisation et nécessité de réformes profondes. Le succès de son mandat dépendra de sa capacité à répondre aux attentes sociales, à préserver la stabilité et à renforcer la place du Portugal dans l’Europe de demain.