Une réaction ferme de la Chine
Le 23 mai 2025, Pékin a vivement réagi à la décision de l’administration américaine d’interdire l’accueil de nouveaux étudiants étrangers à Harvard et dans d’autres universités américaines. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé la « politisation de l’éducation », accusant Washington de sacrifier l’ouverture académique sur l’autel de la rivalité géopolitique. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, sur fond de guerre technologique, de concurrence commerciale et de lutte pour l’influence mondiale.
L’éducation, nouveau champ de bataille géopolitique
Depuis plusieurs années, la rivalité sino-américaine ne se limite plus au commerce ou à la technologie. L’éducation est devenue un enjeu stratégique, avec des conséquences directes pour des millions d’étudiants, de chercheurs et d’universités à travers le monde. Les États-Unis accusent la Chine d’utiliser les échanges académiques pour espionner, influencer ou recruter des talents. La Chine, de son côté, se présente comme un défenseur du multilatéralisme, de l’ouverture et de la coopération scientifique.
Les enjeux pour les étudiants et les universités
La décision américaine d’interdire l’accueil de nouveaux étudiants étrangers à Harvard touche particulièrement les étudiants chinois, qui représentent la première communauté étrangère sur les campus américains (plus de 350 000 inscrits en 2024). Cette mesure risque d’entraîner une chute des inscriptions, une perte de revenus pour les universités et une fuite des talents vers d’autres pays (Canada, Royaume-Uni, Australie, Europe).
Les universités chinoises, qui ambitionnent de rivaliser avec les meilleures institutions mondiales, multiplient les programmes d’échange, les bourses et les partenariats. Pékin investit massivement dans la recherche, les infrastructures et la formation des élites, tout en cherchant à attirer des étudiants étrangers pour renforcer son soft power.
La riposte chinoise : ouverture et coopération
Face à la fermeture américaine, la Chine mise sur l’ouverture. Le ministère de l’Éducation a annoncé de nouvelles mesures pour faciliter l’accueil des étudiants étrangers, le développement de campus internationaux et la création de réseaux de recherche transnationaux. Des universités chinoises, comme Tsinghua, Fudan ou l’Université de Pékin, proposent des cursus en anglais, des doubles diplômes et des stages en entreprise.
Pékin encourage aussi la coopération Sud-Sud, en multipliant les bourses pour les étudiants africains, asiatiques et latino-américains. En 2024, plus de 80 000 étudiants africains étaient inscrits dans des universités chinoises, un chiffre en hausse constante.
Les enjeux pour l’Afrique et le monde
Pour l’Afrique, la rivalité sino-américaine dans l’éducation est à la fois une opportunité et un défi. Les étudiants africains, longtemps attirés par les États-Unis, se tournent de plus en plus vers la Chine, séduits par la qualité des formations, le coût abordable et les perspectives professionnelles. Les universités africaines, de leur côté, cherchent à nouer des partenariats avec les institutions chinoises pour développer la recherche, l’innovation et la mobilité académique.

Mais certains experts mettent en garde contre le risque de dépendance, la standardisation des cursus et la concurrence pour les cerveaux. La question de la reconnaissance des diplômes, de la liberté académique et de la diversité culturelle reste au cœur des débats.
Les perspectives pour l’avenir
La politisation de l’éducation risque de s’accentuer dans les années à venir, à mesure que la compétition pour le leadership mondial s’intensifie. Les universités devront s’adapter à un environnement plus incertain, renforcer leur autonomie et diversifier leurs partenariats. Les étudiants, eux, devront faire des choix plus stratégiques, en fonction des opportunités, des valeurs et des perspectives d’avenir.
Conclusion : défendre l’ouverture dans un monde fragmenté
La réaction de Pékin à l’affaire Harvard illustre les enjeux d’un monde en mutation, où l’éducation devient un terrain de confrontation mais aussi de dialogue. Pour l’Afrique et le reste du monde, l’enjeu est de défendre l’ouverture, la coopération et la diversité, tout en affirmant leur souveraineté et leur capacité d’innovation. L’avenir de l’éducation mondiale dépendra de la capacité des sociétés à dépasser les logiques de bloc et à bâtir des ponts entre les cultures.