Introduction : Un procès à haute tension qui secoue la France
Le 23 juillet 2025 marque une étape majeure dans l’histoire récente de la lutte contre le racisme et la violence en France : l’ouverture devant la cour d’assises spéciale de Paris du procès de William Malet, accusé de plusieurs assassinats racistes commis contre des Kurdes fin 2022. Ce dossier emblématique, aux répercussions nationales et internationales, cristallise de nombreux enjeux, de la lutte contre les crimes de haine à la reconnaissance et la protection des minorités, en passant par la capacité de la justice française à répondre à l’attente de réparation symbolique et réelle.
Retour sur les faits : tragédie au cœur de Paris
Le 23 décembre 2022, un homme armé, William Malet, ouvre le feu devant un centre communautaire kurde du 10e arrondissement de Paris, faisant trois morts et plusieurs blessés graves. L’enquête de police démontre rapidement le caractère raciste de l’acte : le tireur, déjà connu pour des propos xénophobes et des antécédents psychiatriques, s’en prenait clairement à la communauté kurde, fortement implantée dans la capitale.
Ce drame avait rapidement suscité une onde de choc : manifestations spontanées, recueillements populaires, appels à une action plus résolue de l’État contre le racisme systémique et la prolifération des discours de haine.
L’enjeu du procès : reconnaissance, sanction et réparation
À travers ce procès, la justice française se trouve à la croisée des chemins. Pour les parties civiles – familles des victimes, associations kurdes, ONG antiracistes – il s’agit d’obtenir la reconnaissance du caractère raciste du crime et une sanction exemplaire.
Le parquet national antiterroriste (PNAT), partie prenante, insiste sur la dimension politique de l’acte : « Il ne s’agit pas d’un simple fait divers, mais d’un crime contre la République ».
Pour les avocats de la défense, il s’agirait plutôt d’un « dérapage psychiatrique gravissime », plaidant l’irresponsabilité pénale ou l’altération du discernement, sans convaincre les observateurs.
La communauté kurde entre douleur et mobilisation
À Paris, mais aussi à Marseille, Lyon et Strasbourg, la communauté kurde reste mobilisée. À la veille du procès, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour demander « Justice, vérité, reconnaissance ». Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) réclame une réforme des dispositifs de protection, l’application stricte des lois contre les discours haineux, et la reconnaissance du racisme spécifique contre les Kurdes, encore trop souvent minoré dans le débat public.
Des associations notoirement actives comme SOS Racisme, la Ligue des droits de l’homme ou le MRAP, rappellent que cette affaire intervient sur fond de hausse des violences antiminorités depuis trois ans – selon le ministère de l’Intérieur, les actes racistes et xénophobes ont augmenté de 18% en 2023-2024.
Un procès sous le regard de l’international
Cet évènement est suivi de près par la diaspora kurde, mais aussi par des ONG internationales, le Conseil de l’Europe, le Parlement européen et la Turquie, qui a dénoncé à la fois « un climat d’impunité concernant les agressions contre les Kurdes » mais aussi « une récupération politique ».
La justice française devra démontrer son indépendance, alors que la scène politique, à la veille de nouvelles élections, est traversée par des débats âpres sur la gestion de l’immigration, l’islamophobie et la montée de l’extrême droite.
Pour une justice exemplaire et préventive
Les proches des victimes insistents sur la dimension symbolique de ce procès :
« Ce n’est pas seulement le procès d’un homme, c’est le procès du racisme en France. Nous voulons des réponses sur l’inaction policière et l’efficacité réelle des lois antiracistes », explique la porte-parole du CDK-F.
La justice devra trancher sur les questions de discernement, de préméditation et du poids des motivations idéologiques. Au-delà, beaucoup espèrent que ce procès agira comme un signal politique fort pour renforcer la lutte contre toutes les formes de racisme, sur le terrain législatif, institutionnel et éducatif.
Conclusion
L’ouverture du procès Malet représente un moment de vérité pour la justice française et la société tout entière : reconnaître la gravité des crimes de haine, garantir réparation aux victimes et prévenir de nouvelles tragédies par des mesures concrètes et durables. L’issue de ce procès sera observée à l’échelle nationale et internationale, tant il concentre la lutte pour une société plus juste et inclusive.