L’Ouganda s’apprête à vivre une nouvelle séquence politique majeure : le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de quarante ans, a officiellement annoncé sa candidature pour un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle prévue en 2026. Cette décision, loin de surprendre les observateurs, soulève néanmoins des interrogations sur la pérennité du modèle politique ougandais, la vitalité de l’opposition et les perspectives de renouvellement démocratique dans ce pays clé de l’Afrique de l’Est.
Un règne sans partage depuis 1986
Arrivé au pouvoir en 1986 à la suite d’une guérilla victorieuse contre le régime d’Obote, Yoweri Museveni a profondément marqué l’histoire contemporaine de l’Ouganda. Sous sa présidence, le pays a connu une stabilité relative, une croissance économique soutenue et une influence régionale accrue, notamment dans les dossiers du Soudan du Sud, de la Somalie et de la République démocratique du Congo.
Cependant, le régime Museveni est aussi critiqué pour son autoritarisme, la limitation des libertés publiques, la répression de l’opposition et la persistance de la corruption. Les amendements constitutionnels successifs ont supprimé la limitation des mandats et l’âge maximal pour se présenter à la présidence, ouvrant la voie à une présidence à vie.
Une opposition sous pression
Les principaux adversaires de Museveni, dont Bobi Wine (Robert Kyagulanyi), leader du parti NUP, dénoncent un climat politique verrouillé : harcèlement judiciaire, arrestations arbitraires, restrictions sur les rassemblements et contrôle des médias. Malgré ces obstacles, l’opposition tente de s’organiser et de mobiliser la jeunesse urbaine, de plus en plus critique envers le pouvoir.
Les dernières élections, en 2021, avaient été marquées par des violences, des coupures d’Internet et des accusations de fraudes massives. La société civile et les observateurs internationaux appellent à des réformes pour garantir la transparence et l’équité du scrutin à venir.
Les enjeux économiques et sociaux
L’Ouganda affiche une croissance économique dynamique, avec un taux moyen de 5 % au cours de la dernière décennie, porté par l’agriculture, les services et les investissements dans le secteur pétrolier. Toutefois, les inégalités persistent, le chômage des jeunes reste élevé et l’accès aux services de base demeure inégal selon les régions.
La question de la succession politique et du renouvellement des élites est centrale pour l’avenir du pays. De nombreux jeunes Ougandais, nés sous le régime Museveni, aspirent à un changement de génération et à une plus grande ouverture démocratique.

La politique régionale et internationale de Museveni
Sur la scène régionale, Museveni joue un rôle de médiateur et de leader, notamment dans la lutte contre les groupes armés et le terrorisme. L’Ouganda est un acteur clé de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et participe à plusieurs initiatives de paix dans la région des Grands Lacs.
Les relations avec les partenaires internationaux, notamment les États-Unis, la Chine et l’Union européenne, oscillent entre coopération sécuritaire et critiques sur la gouvernance et les droits humains.
Vers une élection sous haute tension
À l’approche du scrutin de 2026, le climat politique s’annonce tendu. Les appels à la réforme électorale, au respect des droits fondamentaux et à l’ouverture de l’espace politique se multiplient. La communauté internationale observe de près la situation, consciente de l’importance stratégique de l’Ouganda pour la stabilité de l’Afrique de l’Est.
Museveni, fort de son expérience et de son contrôle sur les institutions, reste le favori, mais une partie de la population aspire à une alternance et à une modernisation du système politique.
Perspectives et défis pour l’avenir
L’élection présidentielle de 2026 sera un test pour la démocratie ougandaise et pour la capacité du pays à concilier stabilité, développement et ouverture politique. L’histoire de Museveni, entre réalisations et controverses, continue de façonner le destin de l’Ouganda.