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Ouganda : Le « murram » révolutionne la construction, alternative durable au ciment ?

par Africanova
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Introduction

Face à la flambée des prix du ciment et à la pression environnementale croissante, l’Ouganda expérimente une solution locale et innovante : le « murram », un matériau naturel abondant, qui pourrait transformer le secteur de la construction en Afrique de l’Est. Cette alternative, déjà utilisée dans certains projets pilotes, suscite l’intérêt des ingénieurs, des écologistes et des décideurs, alors que le continent cherche à bâtir plus vite, moins cher et de façon plus écologique.

Qu’est-ce que le murram ?

Le murram est un sol latéritique rougeâtre, riche en fer et en aluminium, très répandu en Afrique de l’Est. Traditionnellement utilisé pour les routes rurales, il est désormais pressenti comme substitut partiel ou total du ciment dans la fabrication de briques, de dalles et même de murs porteurs. Son extraction nécessite peu d’énergie et son coût est nettement inférieur à celui du ciment importé.

Une réponse à la crise du ciment

Depuis 2023, l’Ouganda, comme de nombreux pays africains, fait face à une hausse vertigineuse des prix du ciment, liée à la crise énergétique mondiale et à la dépréciation des monnaies locales. Ce contexte a ralenti de nombreux chantiers, du logement social aux infrastructures publiques. Le murram, disponible localement, permet de réduire la dépendance aux importations et de relancer les projets à moindre coût.

Les premiers projets pilotes

Plusieurs municipalités ougandaises ont lancé des programmes de construction de logements sociaux utilisant le murram. À Kampala, un quartier expérimental a vu le jour : les murs des maisons sont faits de briques compressées à base de murram, mélangé à de petites quantités de ciment pour assurer la cohésion. Les premiers retours sont encourageants : « Les maisons sont solides, bien isolées et coûtent 30 % moins cher à construire », explique l’ingénieur civil Moses Nsubuga, coordinateur du projet.

Un atout environnemental majeur

Le secteur de la construction est l’un des plus gros émetteurs de CO₂, en particulier à cause de la production de ciment. Le murram, matériau naturel, permet de réduire l’empreinte carbone des bâtiments. Selon une étude de l’Université de Makerere, l’utilisation du murram peut diminuer de moitié les émissions liées à la construction d’une maison standard. De plus, son extraction, si elle est bien encadrée, limite la déforestation et l’érosion des sols.

Les défis à relever

Malgré ses atouts, le murram n’est pas exempt de limites. Sa résistance à l’eau et à l’humidité reste inférieure à celle du béton, ce qui nécessite des traitements ou des mélanges adaptés, surtout dans les régions à fortes précipitations. Par ailleurs, la normalisation du matériau et la formation des artisans sont encore à développer pour garantir la sécurité et la durabilité des ouvrages.

Un engouement régional

Le succès ougandais commence à inspirer les pays voisins. Au Kenya et en Tanzanie, des projets similaires émergent, portés par des ONG et des start-ups du bâtiment. « Le murram pourrait devenir le symbole d’une construction africaine plus autonome et plus verte », estime l’architecte tanzanien John Mwakalobo.

Perspectives et enjeux

L’essor du murram s’inscrit dans une tendance mondiale à la recherche de matériaux de construction alternatifs, face à la crise climatique et à la raréfaction des ressources. Pour l’Ouganda, il s’agit aussi d’un enjeu de souveraineté économique et de développement local. Si les pouvoirs publics parviennent à encadrer l’extraction et à former les professionnels, le murram pourrait bien devenir un pilier de la construction africaine de demain.

Conclusion

En Ouganda, le murram incarne l’innovation au service du développement durable. Matériau local, économique et écologique, il offre une alternative crédible au ciment, à condition d’accompagner son essor par des normes et des formations adaptées. L’avenir de la construction africaine pourrait bien se jouer sur ces terres rouges, symbole d’une Afrique qui invente ses propres solutions.

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