Ouattara entretient le suspense sur sa candidature présidentielle

Abidjan – À moins d’un an de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara maintient le pays et la classe politique dans l’expectative. Malgré les appels pressants de ses partisans et les spéculations incessantes dans la presse, le chef de l’État refuse de lever le voile sur ses intentions, entretenant un suspense qui alimente toutes les hypothèses et cristallise les tensions au sein de la majorité.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, Alassane Ouattara a profondément marqué la vie politique ivoirienne. Artisan de la relance économique et de la réconciliation nationale après la crise post-électorale, il a su s’imposer comme l’un des leaders les plus influents du continent. Mais son troisième mandat, obtenu en 2020 après une révision controversée de la Constitution, a laissé des traces : l’opposition dénonce un passage en force, et la société civile réclame une alternance démocratique.

Dans ce contexte, la question de la succession reste ouverte. Plusieurs figures du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel, affichent leurs ambitions, mais aucune ne bénéficie de la stature et de l’aura d’Ouattara. Les partisans du président multiplient les appels à une nouvelle candidature, arguant de la stabilité et des succès économiques du pays. Les adversaires, eux, dénoncent la tentation du pouvoir à vie et mettent en garde contre les risques de crispation politique.

Le président joue habilement de cette incertitude. Lors de ses dernières interventions publiques, il a soigneusement évité de se prononcer, évoquant la nécessité de « laisser le temps au temps » et de « préserver l’unité nationale ». Cette stratégie, qui lui permet de garder la main sur son camp et de contenir les ambitions, n’est pas sans risque. Le flou actuel alimente les divisions internes et fragilise la préparation de la majorité à l’échéance électorale.

Dans l’opposition, le suspense autour de la candidature d’Ouattara est scruté avec attention. Les principaux leaders, dont Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, affûtent leurs armes et multiplient les déplacements à travers le pays. Les alliances se nouent et se dénouent au gré des intérêts, dans un climat de méfiance et de calculs politiques. La société civile, quant à elle, appelle à une campagne apaisée et à des élections transparentes, loin des violences qui ont marqué les scrutins précédents.

Ivory Coast President Alassane Ouattara is seen at the opening of the ECOWAS Authority of Heads of State and Govermnent 54th Ordinary Session in Abuja, Nigeria December 22, 2018. REUTERS/Afolabi Sotunde

Au sein de la population, les attentes sont multiples. Beaucoup saluent le bilan économique du président, marqué par une croissance soutenue, des investissements dans les infrastructures et une amélioration du climat des affaires. D’autres pointent les limites de ce modèle, avec le maintien des inégalités, la persistance du chômage des jeunes et les tensions sociales dans certaines régions.

La question de la candidature d’Alassane Ouattara dépasse donc le seul enjeu politique : elle cristallise les interrogations sur l’avenir du pays, la capacité à renouveler les élites et à consolider la démocratie. Le président, fin stratège, sait que son choix pèsera lourd sur l’issue du scrutin et sur la stabilité de la Côte d’Ivoire.

À mesure que l’échéance approche, le suspense s’intensifie. Les regards sont tournés vers le palais présidentiel, où se joue une partie décisive pour l’avenir du pays. Alassane Ouattara, en maître du temps politique, continue d’entretenir le mystère, laissant la Côte d’Ivoire suspendue à sa décision.

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