Lagos, 11 août 2025–
Des milliers de Nigérians sont descendus dans les rues de Lagos et Abuja ce lundi pour protester contre la flambée des prix des biens de première nécessité. Les rassemblements, initiés par une coalition de syndicats et d’associations citoyennes, dénoncent une inflation qui a atteint 25,4% sur un an , un niveau record depuis 18 ans.
Un pouvoir d’achat en chute libre
Parmi les revendications principales figurent la baisse immédiate du prix du carburant, des denrées alimentaires et des frais de transport, qui ont tous enregistré des hausses spectaculaires depuis le début de 2025.
Le prix du pain a doublé en six mois, le sac de riz de 50 kg coûte désormais l’équivalent de 45 000 nairas , et le litre d’essence dépasse les 900 nairas dans certaines zones, malgré les annonces d’aides gouvernementales.
Les ménages les plus modestes sont touchés de plein fouet, contraintes de réduire leur consommation et parfois de sauter des repas. « Nous ne vivons plus, nous survivons » explique Chinelo Okafor , vendeuse de marché à Abuja.
Les causes de la crise
Selon des économistes nigériens, cette flambée des prix est imputable à plusieurs facteurs :
- Baisse de la valeur du naira face au dollar, suite à la réforme monétaire lancée en 2024.
- Réduction des subventions aux carburants , qui a engendré un effet domino sur les autres produits.
- Perturbations dans les chaînes d’approvisionnement à cause de l’insécurité persistante dans le nord et le centre du pays.
Une mobilisation nationale
À Lagos, le cortège a rassemblé des syndicalistes, des étudiants et des travailleurs du secteur informel. Les manifestants, brandissant pancartes et drapeaux, appelaient le présidentBola Tinubuà « prendre des mesures concrètes ».
À Abuja, des barricades ont été installées sur certaines avenues majeures, bloquant temporairement la circulation, avant d’être levées en fin d’après-midi.
Les forces de sécurité étaient déployées en grand nombre, mais aucun incident majeur n’a été rapporté, signe que, pour l’heure, le mouvement reste pacifique .
Réactions politiques
Le gouvernement a promis de convoquer une réunion avec les représentants syndicaux dès cette semaine. Le porte-parole du ministère des Finances a évoqué un plan de soutien ciblé pour les familles les plus vulnérables et un programme de stabilisation monétaire.
Cependant, de nombreux observateurs doutent de la capacité de mesures ponctuelles à enrayer une crise inflationniste structurellement profondément ancrée.
Enjeux régionaux
Cette crise sociale au Nigeria, première économie d’Afrique, pourrait avoir des répercussions dans toute la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) , car elle affecte les échanges commerciaux régionaux et la stabilité politique.