Le gaz naturel, pilier de la stratégie énergétique nigériane
Face à la volatilité des marchés pétroliers mondiaux et à la pression pour une transition énergétique, le Nigeria mise résolument sur le gaz naturel pour stimuler sa croissance économique et renforcer sa souveraineté énergétique. Le gouvernement du président Bola Tinubu a récemment dévoilé un plan d’investissement massif dans l’exploration, l’exploitation et la valorisation du gaz, avec pour objectif de faire du Nigeria le hub gazier de l’Afrique de l’Ouest.
Le Nigeria détient les plus importantes réserves prouvées de gaz naturel du continent, estimées à plus de 200 000 milliards de pieds cubes. Pourtant, jusqu’à récemment, cette ressource était largement sous-exploitée, le pays privilégiant la rente pétrolière. Le nouveau cap vise à diversifier l’économie, à réduire la dépendance au pétrole et à répondre à la demande croissante en énergie, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation.
Des projets structurants pour l’industrie et l’export
Plusieurs projets d’envergure sont en cours, dont la construction du gazoduc Nigeria-MAROC, qui doit relier le Nigeria à l’Europe via l’Afrique du Nord, et la modernisation des infrastructures de liquéfaction (NLNG). Ces investissements devraient permettre d’augmenter significativement les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL), tout en fournissant une énergie plus propre et plus abordable aux industries locales.
Le gouvernement encourage également la conversion des centrales électriques au gaz et la promotion du gaz domestique pour les ménages, avec des programmes de distribution de bouteilles et de kits de conversion. Cette politique vise à lutter contre la déforestation liée à l’utilisation du bois de chauffe et à améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes.
Enjeux sociaux, environnementaux et géopolitiques
La stratégie gazière du Nigeria soulève toutefois des défis considérables. Sur le plan social, il s’agit de garantir que les retombées économiques profitent à l’ensemble de la population, notamment dans les régions productrices du delta du Niger, longtemps marginalisées et victimes de pollution. Sur le plan environnemental, l’enjeu est de maîtriser le torchage du gaz, source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, et de promouvoir des technologies plus propres.
Géopolitiquement, le Nigeria doit composer avec la concurrence croissante d’autres producteurs africains, comme l’Algérie et le Mozambique, tout en sécurisant ses infrastructures contre les sabotages et les attaques de groupes armés. La stabilité du pays et la transparence dans la gestion des revenus gaziers seront déterminantes pour la réussite de cette transition.
Un pari sur l’avenir énergétique de l’Afrique
Le choix du gaz naturel comme levier de développement s’inscrit dans une tendance continentale, alors que de nombreux pays africains cherchent à valoriser leurs ressources pour financer leur industrialisation. Le Nigeria, fort de son expérience et de son potentiel, entend jouer un rôle moteur dans la nouvelle donne énergétique africaine, tout en répondant aux exigences de la transition écologique mondiale.
