À Lagos, mégapole tentaculaire et capitale économique du Nigeria, la flambée des loyers plonge des millions d’habitants dans une crise du logement sans précédent. Cette situation, aggravée par la croissance démographique rapide et l’urbanisation galopante, met en lumière les défis structurels auxquels sont confrontées les grandes villes africaines en matière d’habitat, d’infrastructures et de justice sociale.
Une flambée des prix qui asphyxie les ménages
Depuis le début de l’année 2025, le coût moyen des loyers à Lagos a augmenté de près de 30%, selon les dernières données du Bureau national des statistiques. Cette hausse s’explique par une forte demande, une offre insuffisante de logements abordables et la spéculation immobilière. Les familles à revenu modeste sont les plus touchées, contraintes de consacrer jusqu’à 60% de leurs revenus au paiement du loyer, au détriment de l’alimentation, de la santé et de l’éducation.
La situation est particulièrement critique dans les quartiers populaires et les banlieues, où l’exode rural et l’arrivée massive de nouveaux habitants accentuent la pression sur le marché locatif. De nombreux ménages se retrouvent contraints de partager des logements exigus, de s’installer dans des bidonvilles ou de s’endetter pour éviter l’expulsion.
Les causes structurelles de la crise
La crise du logement à Lagos résulte de plusieurs facteurs : déficit chronique de logements sociaux, lenteur des procédures administratives, coût élevé des matériaux de construction, corruption et absence de planification urbaine efficace. Les autorités locales peinent à suivre le rythme de l’urbanisation, tandis que les investisseurs privés privilégient la construction de résidences haut de gamme, inaccessibles à la majorité de la population.
Le gouvernement nigérian a lancé plusieurs programmes pour encourager la construction de logements abordables, mais leur impact reste limité face à l’ampleur des besoins. Les ONG et les associations de défense des droits au logement appellent à une réforme en profondeur du secteur, à la régulation des loyers et à la promotion de l’habitat participatif.

Conséquences sociales et économiques
La crise du logement a des répercussions majeures sur la cohésion sociale, la santé publique et la sécurité. L’insalubrité, la promiscuité et l’absence d’infrastructures de base favorisent la propagation des maladies, la délinquance et les tensions communautaires. De plus, la difficulté à se loger freine la mobilité des travailleurs, pénalise la productivité et aggrave les inégalités.
Face à l’urgence, des initiatives citoyennes émergent pour proposer des solutions innovantes : construction de logements modulaires, coopératives d’habitat, microcrédit pour l’accession à la propriété. Cependant, ces efforts restent marginaux sans un engagement fort de l’État et des partenaires internationaux.
Quelles perspectives pour Lagos ?
La crise du logement à Lagos illustre les défis de l’urbanisation en Afrique et la nécessité d’une approche intégrée, combinant politiques publiques, investissement privé et participation citoyenne. Pour éviter une explosion sociale, les experts recommandent d’accélérer la construction de logements sociaux, de renforcer la régulation du marché locatif et de promouvoir des modèles urbains durables et inclusifs.
L’avenir de Lagos, et plus largement des grandes villes africaines, dépendra de la capacité des gouvernements à anticiper les besoins, à investir dans les infrastructures et à garantir un accès équitable au logement pour tous.
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