Le Nigeria, première puissance démographique et économique d’Afrique, est plongé dans le deuil après l’annonce du décès de l’ancien président Muhammadu Buhari à l’âge de 82 ans. Figure majeure de la vie politique nigériane, Buhari laisse derrière lui un héritage contrasté, marqué par son engagement contre la corruption, la lutte contre le terrorisme et les défis d’une gouvernance souvent contestée. Depuis l’annonce officielle, le pays tout entier rend hommage à celui qui aura profondément marqué l’histoire contemporaine du Nigeria.
Un parcours exceptionnel
Né en 1942 à Daura, dans l’État de Katsina, Muhammadu Buhari a d’abord fait carrière dans l’armée, participant à plusieurs épisodes majeurs de l’histoire nigériane, dont la guerre du Biafra. Il accède au pouvoir une première fois en 1983 à la faveur d’un coup d’État militaire, avant d’être renversé en 1985. Après une longue traversée du désert, il revient sur le devant de la scène politique et est élu président en 2015, puis réélu en 2019.
Un président réformateur mais controversé
Sous ses deux mandats civils, Buhari s’est illustré par une politique de lutte acharnée contre la corruption et le détournement de fonds publics, fléaux endémiques au Nigeria. Il a également intensifié la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, même si la situation sécuritaire reste fragile dans le nord-est du pays. Son style de gouvernance, jugé autoritaire par certains, a suscité de vifs débats au sein de la société nigériane et de la classe politique.
Des hommages unanimes et une nation rassemblée
Dès l’annonce de son décès, le président en exercice a décrété un deuil national de sept jours. D’innombrables messages de condoléances affluent de toutes les régions du Nigeria, mais aussi de la diaspora et des partenaires internationaux. Les drapeaux sont en berne, des cérémonies officielles sont organisées à Abuja et dans les grandes villes du pays. Les anciens adversaires politiques de Buhari saluent unanimement sa contribution à la stabilité et à la souveraineté du Nigeria.
Un héritage à la fois salué et débattu
Si beaucoup reconnaissent à Buhari son intégrité et son patriotisme, d’autres lui reprochent une gestion économique jugée timide et une incapacité à résoudre durablement les tensions communautaires et religieuses. Son bilan en matière de droits humains et de libertés publiques reste également sujet à controverse, plusieurs ONG ayant dénoncé des dérives autoritaires lors de son second mandat.

Réactions internationales
La disparition de Muhammadu Buhari a suscité de nombreuses réactions à l’étranger. L’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne, les États-Unis et la Chine ont adressé des messages de condoléances au peuple nigérian. Plusieurs chefs d’État africains ont salué la mémoire de Buhari comme un « homme d’État visionnaire et engagé pour la paix sur le continent ».
Quel avenir pour le Nigeria ?
La mort de Buhari intervient à un moment charnière pour le Nigeria, confronté à des défis majeurs : insécurité persistante, inflation, chômage des jeunes, pressions séparatistes et nécessité de réformes économiques structurelles. Pour de nombreux analystes, la capacité des nouvelles générations politiques à s’inspirer des leçons du passé tout en innovant sera déterminante pour l’avenir du pays.
Un deuil national, une page d’histoire qui se tourne
Dans les rues d’Abuja, de Lagos, de Kano ou de Port Harcourt, les Nigérians se recueillent, partagés entre émotion, nostalgie et espoir d’un avenir meilleur. L’héritage de Muhammadu Buhari, fait de convictions fortes et de choix parfois contestés, continuera d’alimenter le débat public pour de nombreuses années.