Nouvelle attaque sanglante : la population de Kaduna plongée dans la peur
Au moins vingt-sept personnes ont été tuées dans la nuit du 15 au 16 juillet lors d’un nouveau raid attribué à des groupes armés dans la région de Kaduna, au centre-nord du Nigéria. Des hommes lourdement armés, circulant à moto, ont assiégé plusieurs villages, incendiant des habitations, pillant les récoltes et tirant sur les civils. Si le bilan reste provisoire, l’ampleur du drame suscite effroi et colère.
Les survivants font état d’une violence inouïe et de l’absence totale de forces de sécurité au plus fort de l’assaut. « Nous avons tout perdu. Le gouvernement doit agir, sinon nous sommes condamnés », déplore un chef local, la voix brisée.
Une insécurité galopante que l’État peine à endiguer
Kaduna, déjà marquée par de précédentes violences ethniques et religieuses, est confrontée à une recrudescence dramatique des attaques de groupes dits “bandits”, parfois alliés à des milices peules ou des factions islamistes. L’insécurité bloque la scolarisation, l’agriculture, les déplacements et génère de nouveaux flux de déplacés internes, aggravant la crise humanitaire régionale.
Le gouverneur de l’État, Uba Sani, lance un appel d’urgence à Abuja pour le renfort de l’armée. Les autorités fédérales promettent une « riposte sans faiblesse », mais les ONG locales dénoncent l’inefficacité chronique des dispositifs traditionnels : trop peu de moyens, lenteur des renforts, méfiance envers les forces de l’ordre.

Que fait le gouvernement fédéral ?
Le président Bola Tinubu, dans une brève allocution, a promis une nouvelle stratégie « conjointe et robuste » associant armée, police, vigiles locaux et partenaires des États voisins. Mais la population exprime son scepticisme face à des plans similaires, déjà annoncés sans effet lors de précédents carnages.
En parallèle, la Commission nationale des droits de l’homme réclame une enquête indépendante et des mesures immédiates pour sécuriser les routes, protéger les marchés ruraux et endiguer le trafic d’armes.
Un risque de contagion régionale
La crise de Kaduna illustre la propagation des foyers d’insécurité du Nord nigérian : attaques de Boko Haram, incursions de bandits, enlèvements contre rançon. Avec plus de trois millions de déplacés internes dans le pays, la capacité de résilience civique atteint ses limites.
Les bailleurs internationaux demandent à la fois des actions d’urgence et un appui au développement à long terme, sous peine d’alimenter une spirale violence-pauvreté.