Introduction
Le 29 janvier 2025 marque un tournant dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays dirigés par des juntes militaires, officialisent leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une organisation fondée en 1975 pour promouvoir l’intégration régionale, la stabilité et le développement. Cette décision, inédite par son ampleur et sa portée, bouleverse l’équilibre régional et soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la coopération, de la sécurité et du développement dans le Sahel et au-delà12357.
Les causes d’un divorce historique
La rupture entre ces trois États sahéliens et la CEDEAO s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes depuis l’arrivée au pouvoir de régimes militaires à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Les sanctions économiques et politiques imposées par la CEDEAO, jugées trop sévères et inadaptées par les juntes, ont accéléré la fracture. Le sentiment d’abandon face à l’insécurité croissante, à la menace djihadiste et à l’absence de soutien effectif de l’organisation régionale a également joué un rôle déterminant. Les trois pays ont préféré unir leurs forces au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), nouvelle confédération destinée à renforcer leur coopération militaire et politique257.

Conséquences immédiates pour la région
La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO a des effets immédiats sur plusieurs plans :
Risques et perspectives à moyen terme
La reconfiguration régionale ouvre la voie à plusieurs scénarios :
- Isolement ou contagion ? D’autres pays, comme le Togo, pourraient être tentés par l’AES si la CEDEAO ne parvient pas à se réformer7.
- Défis sécuritaires : La coordination militaire au sein de l’AES vise à mieux lutter contre le terrorisme, mais la rupture avec la CEDEAO pourrait limiter l’accès à des mécanismes régionaux de maintien de la paix et d’alerte précoce.
- Dialogue en suspens : Le Ghana, par la voix de son président John Dramani Mahama, tente de relancer le dialogue pour éviter l’isolement des trois pays et préserver la stabilité régionale, mais les chefs des juntes restent inflexibles pour l’instant46.
Conclusion
La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO marque une nouvelle ère pour l’Afrique de l’Ouest, faite d’incertitudes et de recompositions. L’avenir de la coopération régionale dépendra de la capacité des acteurs à renouer le dialogue et à inventer de nouveaux mécanismes d’intégration adaptés aux réalités du Sahel. Le risque d’isolement, de marginalisation économique et de fragilisation sécuritaire est réel, mais l’histoire de la région montre aussi sa capacité à se réinventer face aux crises.